Comment rendre la fabrication de vinyles plus verte, c’est la question que se pose l’entreprise bretonne de pressage de disque M Com’ Musique. Elle a notamment réalisé en 2016 un prototype de « vinylgue », 33 tours fabriqué à base d’algues.
A 15km de Rennes, se trouve l’usine de pressage de vinyle M Com’Musique. Créée en 2014 par Antoine Ollivier, elle produit entre 20 000 et 30 000 disques par mois. Pour fabriquer un vinyle on utilise du PVC et de l’acétate de vinyle, du pétrole donc majoritairement. Nous avons demandé à Antoine Olivier si le vinyle était, à la base, un objet polluant : « La fabrication en elle-même effectivement est polluante, le pétrole c’est polluant, donc il faut faire attention, il faut justement minimiser cette pollution. Et derrière c’est assez énergivore pour fabriquer du vinyle. Donc effectivement il faut diminuer ce coût pour la planète. »
Pour réduire ce coût pour la planète et introduire des éléments plus verts dans le disque il y a plusieurs solutions. Faire attention à la composition des pochettes et de l’encre utilisée, mais aussi à la fabrication du disque en lui-même, à l’usine : « Comment on fait des disques plus verts ? Alors chacun a sa responsabilité, et pour nous c’est déjà de consommer le moins d’eau possible, de consommer le moins d’énergie possible, de réutiliser les déchets de matière première, ce qu’on fait quasiment à 90%. Et pour la matière première, nous ce qu’on va essayer de faire c’est peut-être de compenser par de la plantation d’arbre ».
Des vinyles en algue ou en coquille d’huitre
Concernant la matière première, on peut également tenter de remplacer le PVC par des matériaux biosourcés, c’est-à-dire fabriqués à partir de matière végétale. C’est justement ce qu’a tenté de faire Antoine Ollivier il y a quelques années : « En 2015, 2016, on avait eu pour initiative de trouver une matière première alternative, qui était une matière première en algue. On a réussi à sortir quelques disques en algue mais il a été difficile d’industrialiser le processus, c’est-à-dire de fabriquer des disques à grande échelle, pour plusieurs raisons. La matière première se dégradait, donc le son, l’audio se dégradait également et aujourd’hui on essaie toujours de trouver une matière première qui soit plus écologique ».
Après l’algue, Bretagne oblige, c’est aujourd’hui dans une autre alternative, la coquille d’huitre, que le fabricant place ses espoirs. Même si ce ne sera pas chose aisée : « C’est très technique et très complexe de fabriquer le disque vinyle que vous écoutez chez vous. Alors quand on fait venir une matière première qui ne va pas réagir comme celle qu’on a l’habitude d’utiliser, c’est encore plus compliqué, il y a des risques de casse. Sachant qu’on est indépendants, qu’on se débrouille tout seul, la moindre casse peut être très grave, ça peut nous faire fermer la boite. Donc on a envie de le faire, mais on a aussi peur de le faire parce que pour développer un nouveau produit issu de biosourcés avec les envies qu’on a, c’est-à-dire révolutionner le monde du disque, il faudrait des moyens incommensurables et on ne les a pas ».
Antoine Olliver estime qu’il faudrait entre 500 000 et 1 million d’euros pour développer ce projet. Et nous permettre d’un jour pouvoir, qui sait, écouter des vinyles fabriqués à partir de coquilles d’huitres.
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