Festival d'Ambronay : quelle sera la musique ancienne de demain ?

Lucile Boulanger au Festival d'Ambronay
Lucile Boulanger au Festival d'Ambronay - Bertrand Pichene - CCR Ambronay
Lucile Boulanger au Festival d'Ambronay - Bertrand Pichene - CCR Ambronay
Lucile Boulanger au Festival d'Ambronay - Bertrand Pichene - CCR Ambronay
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Pendant tout un week-end, le Festival d’Ambronay a fait dialoguer le présent et le passé, en insérant des créations au milieu de ses traditionnels programmes de musique baroque et ancienne. Reportage dans l'Ain.

« Ce week-end sera fait d’allers-retours, entre le passé et le présent ». Dans la salle Monterverdi de l’Abbaye d’Ambronay, le récital de Lucile Boulanger s’apprête à démarrer. Avec sa viole de gambe, la musicienne va faire voyager le public, au gré de l’histoire de la musique écrite pour son instrument. Un programme allant du 17e siècle à aujourd’hui, qui illustre la thématique du deuxième week-end du festival, explique Pierre Bornachot, son directeur adjoint : « C’est un week-end que nous avons appelé Effervescent*, parce qu’il est foisonnant de créations et de liens entre les musiques anciennes, qui sont vraiment le cœur de métier d’Ambronay depuis des années, et puis la création d’œuvres, par des compositeurs d’aujourd’hui. Il y avait une réelle volonté de faire que chaque programme de ce week-end-là soit entièrement une création, ou contienne au moins une œuvre écrite par un compositeur d’aujourd’hui*. »

« La musique contemporaine doit être présentée dans des programmes comme ça »

Lucile Boulanger a ainsi interprété des pièces de Marin Marais, mais aussi de Philippe Hersant et d'Élisabeth Angot, compositrice de 34 ans à qui le festival a commandé une œuvre. Une création dans laquelle la viole de gambe est totalement déconstruite. On écoute la compositrice, ravie d’être programmée ici, à Ambronay :

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« Selon moi, la musique contemporaine doit être présentée dans des programmes comme ça, c’est-à-dire, avec de la musique du passé. D’ailleurs, la musique du passé était contemporaine à son époque, donc c'est un faux problème. Et puis, avec notre bagage culturel et notre apprentissage, on passe quand même notre temps dans les conservatoires, nous sommes forcément reliés à ce répertoire. Donc je trouve que c’est vraiment la place de la musique contemporaine, d’être complètement reliée à une partie de ses racines, de ses origines. »

Avec sa pièce, Elisabeth Angot voulait rendre hommage à l’héritage musical de la viole de gambe. Deux jours plus tard, c’est la compositrice Farnaz Modarresifar qui présentait sa commande écrite pour l’ensemble Les Ombres, et la soprano Marie Perbost. Une pièce composée en résonnance absolue, dit-elle, avec le programme d’airs de Rameau et de Haendel, dans lequel elle était intégrée. Ce qui se ressent dans l’esthétique de la pièce explique-t-elle : « Ça change, mais c’est un très bon changement pour moi. Ça m’a obligée, et c’est une très belle obligation, à sortir de ma zone de confort, parce que d’habitude je ne compose pas sur une échelle modale. C’était une approche différente mais très agréable. »

Marie Perbost et les musiciens de l'ensemble Les Ombres interprètent l'oeuvre de Farnaz Modarresifar
Marie Perbost et les musiciens de l'ensemble Les Ombres interprètent l'oeuvre de Farnaz Modarresifar
- Betrand Pichene - CCR Ambronay

L’œuvre de Farnaz Modarresifar est une sorte de prélude à l’Air de Telaïre dans Castor et Pollux de Rameau. Intitulée De l’extrémité des ténèbres, cette création pour la paix, fait fatalement échos aux manifestations qui ont éclaté après la mort de Masha Amini, en Iran, pays dont est originaire la compositrice : « J’ai terminé cette pièce avant que ne démarre le mouvement en Iran. Mais cette peine nous accompagne depuis des années. Donc oui, ça a toujours été présent. »

Commander des œuvres à des créateurs et créatrices d’aujourd’hui permet ainsi au Festival d’Ambronay de leur donner la parole. Et de s’ancrer, encore plus, avec la musique, dans le monde contemporain.

Le programme Airs d’opéra de Haendel et Rameau, interprété par Les Ombres et la soprano Marie Perbost, avec la création de Farnaz Modarresifar a été capté par France Musique. Il sera diffusé le 25 octobre, à 20 heures.

À réécouter : Ambronay plus vert
Reportage
5 min
L'invité du jour
29 min

Programmation musicale

  • 08h07
    12 ricercate op 1 : Ricercata op 1 n°7 - pour violoncelle ou clavecin / version pour violoncelle baroque
    12 ricercate op 1 : Ricercata op 1 n°7 - pour violoncelle ou clavecin / version pour violoncelle baroque
    Giovanni Battista Degli Antoni (Compositeur)
    12 ricercate op 1 : Ricercata op 1 n°7 - pour violoncelle ou clavecin / version pour violoncelle baroque

    Jérôme Pernoo (Violoncelle)

    Album Degli Antonii et Gabrielli : Oeuvres pour violoncelle (2002)
    Label OGAM (488015-2)