Jusqu’à ce samedi 2 juillet, à Paris, l’Ircam redonne vie au "Polytope" de Cluny. La reconstitution de l’installation culte de Xenakis, créée il y a 50 ans, marque également la réouverture de l’Espace de projection de l’Institut.
« On l’aura attendu et mérité ». C’est avec ces mots que Frank Madlener a inauguré la semaine dernière la réouverture de l’Espro, l’espace de projection de l’Ircam, sous les applaudissements de ses premiers visiteurs. Directeur de l'Institut, il nous fait part de sa joie :
« C’est un enthousiasme collectif, puisque ce lieu un peu mythique, situé 16 mètres sous la fontaine Stravinsky, a été fermé pendant 7 ans. On retrouve enfin un espace expérimental pour les musiques électroniques, immersives, qui nous manquait, et qui manque aux artistes, aux chercheurs, à ceux qui veulent expérimenter . »
« Xenakis se préoccupait assez peu de documenter tout ça »
En 1972, Iannis Xenakis expérimentait au musée de Cluny. Il présentait son Polytope , tout en son et lumière, reconstitué aujourd’hui, à l’Espro. Et pour proposer une expérience au plus proche du spectacle original, il a fallu mener une véritable enquête archéologique, raconte le musicologue Pierre Carré, qui s’en est occupé :
« Les sources dont nous disposions étaient principalement des dessins, des croquis, des esquisses. Il n’y avait pas vraiment de mode d’emploi, c’était destiné à être joué une fois et Xenakis se préoccupait assez peu de documenter tout ça. Et puis la source principale, qui est la clef de voûte de la reconstitution, c’est la bande de commande : une bande magnétique qui permettait de synchroniser tous les appareillages audio et lumineux. Heureusement, nous avons pu la localiser dans le fonds de la bibliothèque nationale de France et la faire numériser. C’est ce qui nous permet aujourd’hui de rejouer le spectacle. »
Moderniser sans dénaturer : un challenge technologique
En charge de la partie technique, le studio ExperiensS a cependant réactualisé le Polytope . Les stroboscopes ont été remplacés par des LED par exemple, et les miroirs ont été motorisés pour s’adapter aux technologies actuelles, explique son fondateur, Thomas Bouaziz :
« Sur la reconstitution il y a eu un vrai challenge technologique avant même que ce soit artistique parce que là où le dispositif à l’époque était très avant-gardiste, il est maintenant obsolète, donc il a fallu l'actualiser. Mais en essayant de préserver tous les défauts de l’époque, pour ne pas être tenté de 'passer un peu trop HD', pour parler vulgairement ».
En 2 ans, entre 1972 et 1974, le Polytope de Cluny a attiré 200 000 spectateurs. Un succès populaire, pour la musique contemporaine en général et l’Espro en particulier, explique Frank Madlener :
« J e pense que c’est très important de se dire que l’idée de départ de Xenakis, c’est-à-dire le mélange d'art savant et d'art populaire dans un lieu atypique, c’est cela dont nous avons besoin aujourd’hui pour la création musicale. Ne pas considérer qu’on va faire de la musique contemporaine dans des salles de concerts nécessairement classiques, mais offrir un espace inouï et complètement imprévisible, qui vous sort de vos habitudes . »
Et l’expérience est doublée d’un second Polytope , conçu par le collectif de compositeurs italiens /nu/thing et le studio ExperiensS. Il permet d’apercevoir, peut-être, ce qu’aurait pu faire Xenakis s’il avait eu accès aux technologies d’aujourd’hui.
Programmation musicale
- 08h08
Nabucco : Va pensiero sull'ali dorate (acte III) choeur des prisonniers Giuseppe Verdi (Compositeur)Nabucco : Va pensiero sull'ali dorate (acte III) choeur des prisonniersRiccardo Muti (Chef d'orchestre), Choeur Du Theatre De La Scala De Milan (Chœur), Orchestre du Théâtre de la Scala de Milan
Album Riccardo Muti dirige Verdi au theatre de la scala de milan : Choeurs d'opera (1992)Label EMI
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