L'Orchestre National Bordeaux Aquitaine sauve in extremis La Voix humaine - Point d'orgue

L'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine au TCE
L'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine au TCE -  Vincent Pontet
L'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine au TCE - Vincent Pontet
L'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine au TCE - Vincent Pontet
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A cause du covid, l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine a été appelé en dernière minute en remplacement par le Théâtre des Champs-Elysées sur une production réunissant la Voix humaine, de Francis Poulenc et Point d’orgue, de Thierry Escaich. Comment s’adapter dans ces circonstances ?

Les musiciens de l'Orchestre National Bordeaux Aquitaine ont eu environ trois semaines pour se préparer avant la première répétition de la production, pour remplacer l'Orchestre du Luxembourg, en raison du Covid. Pas évident en si peu de temps, d’autant que pour certains instruments, la partition est des plus complexes, comme l’explique le trompettiste solo Laurent Dupéré : « Il faut être très concentré sur les premières répétitions, pour prendre ses marques, des repères, de façon à ce que dès le lendemain il y ait des restes de cette répétition, et que ce soit constructif. On a une certaine expérience forcément depuis qu’on est entré à l’orchestre. On est habitué à avoir beaucoup de travail de partitions donc on arrive à se faire confiance. Après tout dépend des qualités des uns et des autres. Il y a peut-être des collègues qui vont être encore plus impressionnés par les partitions, et d’autres au contraire qui n’auront besoin que d’une seule journée ou de quelques heures pour l’assimiler et pouvoir la jouer. »

Pour le chef Jérémie Rhorer, qui dirige la production au Théâtre des Champs-Elysées, s’adapter à un nouvel orchestre fait partie du métier : « La difficulté ici, c’est plutôt le rapport de l’orchestre à la production. C'est-à-dire qu’on se retrouve dans une situation d’urgence. On se retrouve dans une situation qui révèle le meilleur ou le pire des institutions, et c’est dans ce sens-là que je suis très satisfait, parce qu’on aurait pu imaginer que les contraires génèrent un type de réaction qui n’ait pas été dans le sens de la production, or c’est l’inverse qui s’est passé… ça c’est une très belle surprise. »

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Il faut dire que certains musiciens sont habitués à remplacer ponctuellement des collègues d’autres orchestres. Le percussionniste solo Thibault Lepri a été intermittent avant d’intégrer l'ONBA en septembre dernier : « Remplacer des gens au pied levé dans la vie de l'intermittent, c’est quelque chose qui n’arrive pas très souvent mais qui arrive, par exemple quand les musiciens titulaires d’un orchestre ont des problèmes de santé - titulaires ou non d’ailleurs - , les intermittents sont les premiers qu’on appelle et parfois, il faut jouer des choses très dures et les monter en un minimum de temps, voire du jour pour le lendemain. Mais là je dirais que pour ce projet on n’était pas du tout dans cet extrême-là, on a quand même eu quelques jours pour se retourner, pour découvrir les partitions, et pour ma part il n’y a pas du tout eu d’angoisse. »

La contrebassiste solo Esther Brayer est elle aussi habituée aux remplacements mais elle déplore le manque de temps pour répéter, notamment avec les chanteurs : « C’est très agréable de pouvoir quitter un peu le texte et de pouvoir lever les yeux, de gagner en autonomie et en confiance pour non seulement profiter un peu plus de ce qui se passe autour de soi mais surtout aussi être un peu plus interprètes, s’emparer un peu plus du texte et ça il y a rien à faire en fait, on a besoin de temps. »

Pour cette production, l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine accompagne la soprano Patricia Petibon, le ténor Cyrille Dubois et le baryton Jean-Sébastien Bou. La Voix humaine de Poulenc sur un livret de Cocteau et sa suite, Point d’orgue, signée Thierry Escaich et Olivier Py, c’est à retrouver sur France Musique le 27 mars. 

Un reportage de Charlotte Landru-Chandès.

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