A Cannes, la semaine dernière, la ville accueillait un concert olfactif. Une soirée autour de la mer, tout en musique et en senteurs, avec l'Orchestre national de Cannes.
Sur scène, le rouge des rideaux rappelle celui des marches qui seront au cœur de toutes les attentions à Cannes, dans quelques semaines. Ce soir, au Palais des festivals, pas de cinéma, mais un concert particulier. Lorsque l’Orchestre national de Cannes interprétera La Mer de Debussy, des fragrances marines seront diffusées dans la salle. Une expérience sensorielle que présente Benjamin Levy, directeur musical de l’orchestre. « Alors c’est une tentative, ça fait un peu apprenti sorcier quand on en parle. Ça me fait penser à Scriabine qui avait écrit des choses avec des couleurs. Des trucs un peu de fou ! Et puis on parle toujours de la musique impressionniste, qui ne provoque pas une imitation, mais des impressions. Et, même si je n’aime pas beaucoup ce terme, c’est vrai que là, on est vraiment dans la sensation, dans l’impression qu’on peut avoir au bord de la mer. »
C’est le parfumeur créateur Pierre Bénard qui a été chargé de créer les parfums correspondant aux trois esquisses symphoniques de Debussy. Et il a développé trois tableaux olfactifs. « Il y a vraiment des mouvements. Le premier est très calme, c’est le matin, on a des notes ambrées. Le second, où la mer commence à jouer avec les vagues, les notes sont plus iodées, avec une odeur de brise marine. Et puis, ça s’enjoue, ça commence à jouer avec le vent, et donc il y a plus de notes olfactives profondes qui apparaissent. Ces trois tableaux sont odorisés grâce à des systèmes de diffusion qu’on a mis sous la scène, sous les musiciens. »
Parmi les musiciens, figurait la toute nouvelle violoncelle solo, Marie Viard qui a intégré les rangs de l’orchestre en janvier dernier. Elle déclare adorer l’idée du concert olfactif, même si, dans la pratique il a fallu s’habituer. « Tout au début, évidemment, c’est comme quand on a dû jouer avec le masque , forcément ça déstabilise. Après c’est un court moment, et puis le temps que le cerveau analyse ce qui se passe, on se laisse porter. On aime ou on n’aime pas, mais quand on a une senteur qui inspire, on a l’impression qu’il y a une autre couleur qui éclaire la partition qu’on est en train de jouer. Moi j’ai trouvé ça très intéressant. »
Seule l’œuvre de Debussy était parfumée dans la salle ce soir là, un peu plus légèrement que prévu. Pour les autres pièces, Une barque sur l’océan de Ravel et Poème de l’Amour et de la Mer, de Chausson, interprété par Véronique Gens, chacun pouvait imaginer l’odeur que la mer lui inspire.
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