La formation musicale de la troupe de la Comédie-Française

Les comédiens de la Comédie-Française dans le spectacle "D'où rayonne la nuit".
Les comédiens de la Comédie-Française dans le spectacle "D'où rayonne la nuit". - Vincent Pontet
Les comédiens de la Comédie-Française dans le spectacle "D'où rayonne la nuit". - Vincent Pontet
Les comédiens de la Comédie-Française dans le spectacle "D'où rayonne la nuit". - Vincent Pontet
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Jusqu'au 6 mars, les sociétaires et pensionnaires de la Comédie-Française présentent un spectacle chantant autour de la naissance de la comédie-ballet et du compagnonnage entre Lully et Molière ; ils y démontrent des talents admirables de chant. Mais comment travaillent-ils leur voix ? Reportage.

« J’ai découvert que j’avais de sacrés aigus ! » Claïna Clavaron a rejoint la troupe de la Comédie-Française en juin 2021. Comme ses camarades de scène, elle témoigne de son amour immodéré pour le chant. D’où rayonne la nuit fait partie des nombreux spectacles qui sollicitent les comédiens dans des registres toujours plus variés. Serge Bagdassarian, membre de la troupe depuis 2007 : « On a des façons de chanter très différentes. Chacun a sa petite routine à lui. On a une façon de chanter qui repose sur un savoir faire qu’on a reçu souvent ailleurs qu’à la comédie française soit pour ceux qui ont eu une formation dans des grandes écoles ou dans des conservatoires ou alors de manière un peu empirique, selon les expériences de théâtre qu’on a eues. »

Cette richesse des expériences constitue un véritable atout pour la troupe. Yoann Gasiorowski, metteur en scène du spectacle D’où rayonne la nuit, insiste sur l’importance de cette diversité : « Je ne voulais pas que des chanteurs et chanteuses aguerris. Ce qui m’intéressait, c’était de sentir quand il s’agit de s’approprier ou quand il s’agit de chanter, on n’est pas tous au même endroit, et d’autres qualités d’interprétation surgissent notamment. »

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C’est un coaching de choix sur lequel peuvent compter les comédiens. Chef de chant au Conservatoire d’art dramatique, Vincent Leterme collabore avec la troupe de la comédie française depuis une quinzaine d’années sur des spectacles musicaux. Son travail avec les comédiens leur permet d’opérer un lien naturel entre leur voix parlée et leur voix chantée.

« Je leur joue beaucoup, je chante moi-même toutes les parties pour leur expliquer, comme un travail de chœur. J’aime partir du général, tout mettre ensemble comme une sorte de monstre puis petit à petit on va dans le détail par pupitre et parfois voix par voix et par personne. »

A côté des séances de répétition, la Comédie-Française propose aux membres de sa troupe des cours de pratique vocale avec la chanteuse Nicole Fallien. Depuis quarante ans, la professeure qui suit également Philippe Jaroussky ou Nicolas Sirkis fait travailler chaque semaine les comédiens qui le souhaitent. «  C’est d’abord la respiration. Comment on fait pour parler sur une longue phrase sans être obligé de respirer comme une pompe aspirante toutes les trois notes ou tous les trois mots. C’est pareil pour un chanteur lyrique que pour un comédien. Mais le comédien n’est pas aidé par la musique – seulement par l’état dans lequel il est. »

Et c’est aussi un style auquel se sont confrontés les comédiens qui ont dû apprendre à chanter en respectant l’ornementation de l’époque de Molière. Claïna Clavaron : « bizarrement ça j’aimais bien ! C’est très précis, c’est les endroits stratégiques, par exemple quand on parle du cœur, il y a un ornement sur le mot pour montrer la tendresse. C’est assez logique. » De son côté, Serge Bagdassarian a trouvé sa méthode : « pour tout vous dire, j’ai fait comme font les escrocs et les gens qui font les faux billets – j’ai fait des copies. Il y a un ornement que j’ai réussi à faire et qui était original, sinon j’ai écouté d’autres enregistrements et j’ai copié des choses parce que je n’y arrivais pas. »

Authentique ou frauduleux, le résultat est une réussite absolue... de quoi donner des arguments à quelques escrocs et faussaires !

Programmation musicale

  • 08h08
    Concerto en sol min op 8 n°2 RV 315 P 336 (L'été) : 2. Adagio
    Concerto en sol min op 8 n°2 RV 315 P 336 (L'été) : 2. Adagio
    Antonio Vivaldi (Compositeur)
    Concerto en sol min op 8 n°2 RV 315 P 336 (L'été) : 2. Adagio

    Alexandra Conunova (Violon), Dmitry Serebrennikov (Violon), Francois Sochard (Violon), Anna Vasilyeva (Violon), Marc Daniel Van Biemen (Violon), Filipe Johnson (Violon), Katia Trabe (Violon), Blythe Teh Engstroem (Alto (instrument)), Izabel Markova (Alto (instrument)), Anastasia Kobekina (Violoncelle), Eric Zorgniotti (Alto (instrument)), Ivy Wong (Contrebasse), Paolo Corsi (Clavecin)

    Album Vivaldi : Le Quattro Stagioni (2020)
    Label Aparte (AP242)

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