"Je frémis" : Werther, première production lyrique de l'ère Hondré à Bordeaux

Dans quelques secondes, le rideau va se lever sur Werther, à l’Auditorium. Au premier rang, Emmanuel Hondré vient de s’installer, après avoir été sollicité et félicité par plusieurs personnes dans le hall d’entrée. Deux heures auparavant, nous étions avec lui dans son bureau au Grand Théâtre. Et nous avons demandé au nouveau directeur de l’Opéra national de Bordeaux comment il se sentait : « Je frémis, comme tous les musiciens et tous les chanteurs, en particulier Benjamin Bernheim et Michèle Losier, qui sont deux chanteurs qui m’émerveillent. J’ai adoré vivre ça avec eux, répétition après répétition, les sentir s’épanouir dans leur rôle, rayonner. C’est absolument incroyable. »

« C’est un rôle que j’attends de chanter depuis très longtemps »

Ce soir-là, sous les yeux d’Emmanuel Hondré, le ténor Benjamin Bernheim faisait lui aussi à Bordeaux un grand début avec le rôle de Werther, qu’il n’avait jusqu’alors jamais interprété. Et là aussi, l'effervescence était palpable. « C’est une soirée très émouvante parce qu’avant d’avoir essayé de chanter ce rôle sur scène, on ne peut pas savoir ce que c’est. Avoir un public qui est venu écouter ce premier Werther, cela m’émeut beaucoup, c’est un rôle que j’attends de chanter depuis très longtemps. J'avais très peur de ne pas être à la hauteur, parce que c’est un grand monument pour un ténor. J’ai plein de choses à améliorer mais c’est un début, je pense, parce que ça me permet de construire ce rôle sur des bases bordelaises, c’est plutôt pas mal. »

C’est l’ancien directeur de l’Opéra, Marc Minkowski, qui a permis à Benjamin Bernheim de faire cette prise de rôle dans Werther, après une première prise de rôle remarquée dans Manon en 2019. « Bordeaux me porte chance », déclare le ténor.

Projet d'Opéra citoyen

Depuis un mois, et plus tôt que prévu, c’est donc désormais Emmanuel Hondré qui est au volant de l’institution. C’est avec un projet d’Opéra citoyen que sa candidature a été retenue. Un projet qui parle beaucoup à Stéphane Rougier, violon solo de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine. « Encore aujourd’hui, beaucoup de Bordelais pensent qu’ils n’ont pas le droit de rentrer dans le Grand Théâtre. On dit que les salles de spectacle se vident, que les gens ne s’y intéressent plus, peut-être que cela vient aussi du lieu. Pour notre part il est très facile de nous déplacer, d’aller vers un autre public, qui ensuite, va à son tour venir à l’opéra. Je pense que tous les membres de l’orchestre sont prêts à jouer le jeu, et l’intérêt pour nous aussi, c’est de rencontrer d’autres publics. »

L’Opéra citoyen devrait donc passer par des concerts dans d’autres lieux. Il est encore tôt pour annoncer ce qui va être mis en place pour la saison 2022-2023, mais nous en reparlerons très vite, promet Emmanuel Hondré, qui cette semaine, moins d’un mois après son arrivée, a déjà pu profiter de ce Werther et d'une prise de rôle fortement acclamée.

Werther, à l’auditorium de Bordeaux jusqu’au 12 février, avec Benjamin Bernheim, Michèle Losier et Pierre Dumoussaud à la direction musicale.