Depuis des mois, la plupart des chœurs sont à l’arrêt. Et ceux qui ont encore la chance de répéter, comme le Chœur de Radio France, sont contraints de porter des masques, ce qui pose beaucoup de problèmes aux chanteurs lyriques. Reportage de Charlotte Landru-Chandès.
Le Chœur de Radio France est aujourd’hui à l’arrêt, en raison de cas de covid détectés début avril. Les chanteurs ont quand même pu répéter en continu assez longtemps, de début décembre à début avril. Mais la joie de se retrouver a été entravée par le port du masque, comme l’explique la soprano Laurya Lamy. “Quand on chante avec un masque, toute la mécanique du visage se trouve déstabilisée. Il faut s’adapter, cela change nos repères. Sur le plan sonore aussi, parce qu’on n’a pas du tout les mêmes résonances - en tout cas elles sont altérées - quand on a un masque et quand on en a pas.”
Et comme chaque chanteur est différent, il faut adapter le masque au visage, aux résonateurs et à la voix. “Chacun fait sa petite cuisine. On a testé plusieurs types de masques avec des tailles différentes et chacun s’arrange avec.”
Chanter avec le masque exige un plus grand investissement corporel et entraîne une fatigue physique supplémentaire. “Le chanteur lyrique a besoin d’inspirer beaucoup d’air, et expire aussi en conséquence. Avec un masque, tout cela est rendu beaucoup plus délicat. Parfois, cela peut même être handicapant, à tel point qu’il y a des chanteurs qui ne le supportent pas du tout. Les masques protègent, c’est sûr, mais ils sont aussi un frein à l’émission pour le chanteur.”
Par ailleurs, le masque déforme le son, ce qui pose aussi des problèmes au niveau de la réception du public et de la captation du son, comme le souligne Jean-Baptiste Henriat, délégué général du Chœur de Radio France. “Il y a un effet du masque sur la qualité de la projection et de la définition des consonnes, de la compréhension du texte, mais aussi une déformation acoustique qui est réelle et qu’on ne peut pas nier.”
Pour compenser ces pertes, il faut trouver des solutions. Ainsi, les chanteurs redoublent d’attention sur leur diction. Il est aussi possible de jouer sur les effectifs et l’équilibre entre le chœur et l’orchestre. “En situation d’enregistrement, il y a un savoir-faire nouveau qui est celui des preneurs de son, qui essaient de trouver la meilleure manière possible d’enregistrer un chœur dans ces conditions nouvelles.”
Si tout se passe bien, après un mois d’arrêt, le chœur de Radio France devrait reprendre son activité début mai, sans oublier les masques, avec un programme a cappella autour de Darius Milhaud, Thierry Machuel et Frank Martin, qui devrait être donné le 26 mai à la Maison de la Radio, et avec La Sonnambula de Bellini, prévue au Théâtre des Champs-Elysées en juin.
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