Ce jeudi, la CGT spectacle a organisé des manifestations dans toute la France en soutien à la culture, un an après la fermeture des salles de spectacle. Plusieurs organisations ont répondu à l’appel, comme le collectif UNiSSON, qui regroupe chanteuses et chanteurs lyriques.
"Un an, sans spectacle, sans danse, sans théâtre, sans clown, sans marionnette, sans chanson, sans cirque, sans musique, un an sans public." Place de la République, à Paris, plusieurs centaines de personnes se sont réunies pour commémorer un bien triste anniversaire. Cela fait ce jeudi 4 mars un an que les premières mesures de fermeture des lieux de culture ont été appliquées.
Parmi les manifestants, chanteurs et chanteuses lyriques ont tenu à être présents. C'est le cas de Julie Fuchs, tout juste sacrée chanteuse lyrique de l’année par les Victoires de la musique classique : "Je suis là parce que j’estime que c’est mon devoir de soutenir ma communauté d’artistes. Je suis chanteuse lyrique mais il y a énormément de métiers liés au nôtre, et je suis surtout là pour apporter ma présence aux jeunes chanteurs qui débutent dans le métier, qui viennent juste de finir leurs études, et pour qui ce qu'il se passe est une catastrophe. On a très envie de travailler."
"C’est notre futur"
À ses côtés, la mezzo-soprano Marie-Andrée Bouchard Lesieur fait partie de ces jeunes artistes en début de carrière. Elle nous fait part de ses inquiétudes : "C’est important d’être ici, parce que c’est notre futur. Et encore j’ai de la chance, parce que je suis à l’Académie de l’Opéra de Paris et que j’ai une structure pour m’accompagner. Mais je pense à tous mes collègues qui étaient en passe d’avoir leur intermittence l’année où il y a eu le confinement, et il se retrouvent sans rien, avec des contrats annulés."
"On réclame un calendrier"
Julie Fuchs et Marie-Andrée Bouchard Lesieur sont venues avec le collectif UNiSSON, qui regroupe et représente les artistes lyriques, pour apporter soutien, conseil et solidarité. Le ténor Stanislas de Barbeyrac en est le porte-parole : "Ce qu’on réclame, c’est un calendrier. On a vécu la réouverture avec les demi-jauges, avec un protocole sanitaire qui était efficace, ça fonctionnait, ça permettait aussi aux employeurs et aux salles de voir un peu le bout du tunnel. On nous l’a promis il y a quelques semaines, et on y est."
Le ténor ajoute : "il faut un calendrier parce que c’est très lourd mécaniquement pour les salles d’ouvrir, de remettre les gens en répétition, de réinstaller des décors, c’est très compliqué donc on ne peut pas faire ça du jour au lendemain. Je pense que d’un point de vue sanitaire et technique, c’est possible, il faut juste s’en donner les moyens."
"Personne ne s'attendait à ce que ça dure aussi longtemps"
Sur une scène de la CGT spectacle, représentants du monde du cinéma, d’étudiants, ou encore de l’art vivant ont enchainé les prises de paroles, avec, entre les discours, des chansons, qui rappellent le premier confinement, période durant laquelle Julie Fuchs ne s’attendait pas du tout à ce que la culture s’arrête aussi longtemps : "En mars j’avais des collègues qui me disaient ‘non mais tu verras en septembre ça sera pas ouvert’ et je me disais 'n’importe quoi’. Et après, c’était janvier. C’est ça qui est difficile : on se dit que le virus va faiblir, qu’on va trouver des solutions, qu’on va s’adapter, et en fait rien de tout ça ne se passe, donc c’est vrai que c’est assez déprimant."
Cela fait également près d’un an qu’a été crée le collectif UNiSSON, qui réunit aujourd’hui plus de 300 adhérents. L’occasion pour nous de demander à Stanislas de Barbeyrac, à quand des pancartes UNiSSON ? "Oui, pourquoi pas, c’est pas tout à fait mon truc pour être honnête. UNiSSON c’est une association, on n'a pas la valeur et la puissance de manifestation que peut avoir un syndicat, nous on est là aujourd’hui par solidarité avec le milieu."
Les manifestants se sont ensuite dirigés vers la Place de la Madeleine, en musique toujours. En marge de ce mouvement, des intermittents ont occupé le Théâtre de l’Odéon, pour faire part de leur colère et réclamer une prolongation de l’année blanche.
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