Six mois après le début du confinement, les danseurs reprennent le chemin des répétitions. Mais pas facile pour eux de respecter les gestes barrières et de retrouver leur niveau d’avant. Un reportage de Charlotte Landru-Chandès.
A l’Opéra de Paris, les cours de danse ont repris le lundi 7 septembre, avec des effectifs de 8 danseurs contre 30 habituellement. Malgré un entraînement régulier pendant et après le confinement, avec entre autres des cours par visioconférence, la reprise n’est pas simple comme l’explique le danseur étoile Stéphane Bullion : « Dans ma carrière je n’ai jamais été arrêté aussi longtemps, j’ai eu la chance de ne pas être trop être blessé donc je suis un peu dans l’inconnu. Ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus mais je pense que ça va être aussi quelque chose à prendre en compte. Le chemin est long avant de retrouver les sensations, de retrouver le souvenir de ce qu’on était avant qu’on soit arrêtés. »
Malgré les travaux de rénovation des opéras Garnier et Bastille, la reprise des spectacles de danse est prévue le 5 octobre à Garnier. Au programme, des classiques du répertoire avec des solos et duos et pour répéter à deux, pas de grand changement affirme Stephane Bullion : « On fait comme on faisait avant, de toute façon il y a un protocole qui est assez strict. Dans les couples classiques et néoclassiques on est complètement séparés, on a chacun et chacune qu’un seul partenaire, donc on travaille toujours avec la même personne. On est testé par PCR toutes les semaines et puis on fait confiance à son partenaire. »
La chorégraphe Jann Gallois, artiste associée au Théâtre National de Chaillot, a repris les répétitions depuis juin dernier mais en solo. Avec sa compagnie, Burnout, qui compte une quinzaine de danseurs, plusieurs questions se posent raconte la danseuse : « Le vrai problème, c’est que dans la danse, on ne peut pas faire semblant que les autres ne sont pas là ! Dans toutes mes chorégraphies, il y a beaucoup de proximité des corps et d’interactions physiques avec les autres. Je tiens à ce que ce que j’ai créé à la base ne soit pas modifié. »
Et si les danseurs mettent leurs masques lors des pauses, pas question de les avoir sur le plateau, « c’est vraiment impossible, ne serait-ce que pour le souffle, on étouffe tout de suite. Et puis la transpiration, le masque qui glisse… On a beaucoup de connexion par les regards, il faut qu’on comprenne si l’autre est prêt pour un porté ou autre. Si on ne voit pas la tonalité du visage, on ne peut plus communiquer par les yeux… les yeux seuls ne suffisent pas pour tout dire ! »
Jann Gallois proposera un spectacle en interaction avec le public au Théâtre Chaillot le 20 septembre prochain, à l’occasion des journées européennes du Patrimoine. Impossible Ici d'échapper aux Gants et masques qui seront bien de la partie.
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