Les musiciens du Metropolitan Opera face à la crise

Le Metropolitan Opera de New York
Le Metropolitan Opera de New York ©Radio France - Laurent Valière
Le Metropolitan Opera de New York ©Radio France - Laurent Valière
Le Metropolitan Opera de New York ©Radio France - Laurent Valière
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Le Metropolitan Opera connaît une crise sans précédent, aussi bien financière, avec un déficit historique de 150 millions de dollars, qu'éditoriale, avec l’annulation de toute la saison actuelle... Mais également au sein des équipes, des chœurs et techniciens de cette vénérable institution.

Plusieurs orchestres à travers le monde, comme ceux de Vienne, Munich et Chicago, des artistes comme Angela Gheorghiu et même son chef d’orchestre Yannick Nezet Seguin soutiennent les musiciens du Metropolitan Opera qui n’ont pas été payés depuis un an. 

Des musiciens au chômage

Le directeur Peter Gelb a en effet mis au chômage tout son personnel le 1er avril dernier : pas de salaire, sauf s’ils acceptent de les revoir à la baisse. Vent debout : les 97 musiciens. Bruno Eicher est violoniste au Metropolitan. Il a accompagné Angela Gheorghiu lors du concert que donnait la soprano pour soutenir les musiciens du Met. Il a été stupéfait lorsque l’opéra a fait appel à d’autres musiciens pour le concert du nouvel an.

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Cela fait maintenant un an que les musiciens du Met ne vivent que du chômage. Dix membres de l’orchestre sont partis à la retraite, 40 % ont quitté New York. Cette semaine, les musiciens ont finalement accepté de négocier avec le Met qui leur accordera pour la première fois depuis un an un salaire partiel durant 8 semaines. Tout comme les 80 choristes en négociation depuis 6 semaines maintenant. Leur représentant, Ned Handson, au chômage, a quitté New York et vit depuis 6 mois à Porto Rico. Il n'est pas prêt à négocier à n'importe quel prix : "Une grande partie des coupes budgétaires demandées par l’administration du Met, non seulement nous rendrait impossible de vivre à New York, mais videraient le contrat entre le chœur et le Met de toute la protection actuelle et des règles nécessaires à ce travail épuisant qu’est chanteur au Met." 

Les techniciens du Met font aussi entendre leurs voix

Interdits du bâtiment depuis décembre dernier, les techniciens voient les décors du premier opéra de la saison prochaine fabriqués ailleurs. Tanya Thompson est menuisière au Met depuis 15 ans, et travaille en tant que garde de nuit pour personnes âgées pour gagner sa vie : "Oui, je gagne moitié moins que ce que je gagnais quand je travaillais au Met. Mais vous savez, il y a 6 ans, on avait accepté une baisse de salaire, parce que le met rencontrait des problèmes financiers, et on a compris. On veut que le Met demeure, c’est quand même une institution qui a 137 ans... mais Peter Gelb a gaspillé cet argent. Et voilà qu’il revient encore, et nous dit : j’ai besoin encore de baisses de salaires. On lui a dit : qu’avez-vous avec les précédentes économies ? Vous ne nous montrez aucun respect, vous pensez que vous pouvez facilement nous remplacer en faisant faire le travail ailleurs, alors que nous on est chômage et on a faim, vous n’avez pas utilisé de façon sage les économies précédentes, pourquoi voulez vous qu’on vous en donne encore ?"

La réponse de Peter Gelb, directeur du Metropolitan Opera de New York

A toutes ces critiques, Peter Gelb répond qu’il n’a pas le choix : "Quand la pandémie a frappé, on a du opérer de façon urgente, et trouver une façon pour que le Metropolitan Opera survive et avance. Vous savez, le Met est le seul opéra aux États-Unis qui offre des emplois à temps plein à son orchestre, son chœur, ses techniciens. D’une certaine façon, on fonctionne comme les opéras en Europe, l’opéra de Paris, mais tous ont des subventions de l’état. Nous, non". La crise n’est pas finie. Et elle risque de laisser des traces parmi les équipes.

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