Opéra itinérant : le Capitole part en campagne

Sur le parvis de la mairie de Ségoufielle (32), les écoliers sont captivés par la prestation des artistes du Capitole de Toulouse.
Sur le parvis de la mairie de Ségoufielle (32), les écoliers sont captivés par la prestation des artistes du Capitole de Toulouse. ©Radio France - Clément Buzalka
Sur le parvis de la mairie de Ségoufielle (32), les écoliers sont captivés par la prestation des artistes du Capitole de Toulouse. ©Radio France - Clément Buzalka
Sur le parvis de la mairie de Ségoufielle (32), les écoliers sont captivés par la prestation des artistes du Capitole de Toulouse. ©Radio France - Clément Buzalka
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Depuis le début du mois de mai, un groupe de l’Opéra national du Capitole de Toulouse sillonne la Haute-Garonne et le Gers pour présenter un spectacle unique et itinérant. Pendant ces 34 représentations en école ou sur les places de villages, les artistes en profitent pour faire de la pédagogie.

C’est sous une chaleur étouffante que les artistes et les techniciens du Capitole arrivent à Ségoufielle, village de 1000 habitants au Nord-est du Gers. Pour la deuxième fois de la journée, après une séance au collège de L’Isle Jourdain, ils vont monter la scène de 9 mètres carrés avant la représentation devant les écoliers et quelques riverains. Et même si les dates s’enchaînent, tous gardent le sourire. À commencer par Frédérique Lombart, la metteuse en scène.

« C’est vraiment une chance pour nous de partager avec eux, et de partager un bien public, qu’est l’Opéra national du Capitole, avec des publics éloignés, explique celle qui officie aux accessoires pendant la séance*. C’est pour moi très important. J’adore faire des productions sur des grands plateaux dits conventionnels, mais pour moi, ça c’est aussi important. »*

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Un Barbier d’un genre nouveau

La pièce a été adaptée pour ce public qui, il faut l’avouer n’est pas forcément très proche de l’opéra. Le Barbier de Séville est donc raccourci (une heure au lieu de trois), traduit en français et plus intimiste. « Quand ils vont voir l’opéra, ils s’imaginent aller voir quelque chose de sérieux. Alors que finalement, ils sont très surpris, ils se disent ‘tiens, les grands déconnent comme nous’ », raconte Fabrice Alibert, interprète de Figaro.

Durant 34 dates, sur un peu plus d’un mois, les artistes vont se produire en grande partie dans des cours d’établissements scolaires. Le projet du Bus Figaro est né en collaboration avec l’académie de Toulouse, désireuse de tisser un réseau entre les écoles et les institutions culturelles du territoire. « Du fait des difficultés pour emmener les élèves dans les lieux de culture longtemps fermés durant le Covid, nous avons pris l’habitude de développer une offre où la culture entre dans les établissements scolaires, explique Olivier Rosan, conseiller du recteur en charge de l’éducation civique et artistique. Ici, nous visons le milieu rural, car c’est pour nous indispensable de faire connaître à ces publics qui sont les plus éloignés de ces infrastructures culturelles de tels spectacles. Avec ce choix d’une pièce légère, gaie, nous oublions vite ces deux années pénibles… Nous sommes fiers de conduire ce partenariat avec le Capitole, et très heureux de voir des enfants captivés pendant cette heure. »

Une action pédagogique et de continuité territoriale

Lucile Verbizier, tenant le rôle de Rosine, est très attendue par les enfants. En classe, ils ont étudié l’œuvre, les personnages, la musique. Et beaucoup de jeunes filles voient en Rosine une princesse moderne. « Quand je vois les petites filles qui me regardent avec plein de lumière, je me replace moi-même petite, quand je suivais des opéras à la télé avec des étoiles dans les yeux, et que je me disais ‘c’est ça que je veux faire’, se souvient Lucile Verbizier*. Et c’est vrai que j’ai très envie de transmettre aux jeunes que tout est réalisable et que si le spectacle est le rêve, ils ne doivent pas le lâcher. »*

Et pour convaincre de nouveaux ou futurs adeptes de l’opéra, le Capitole a mis les moyens. Car même si la formule rappelle les troupes de saltimbanques, à la Molière, avec ce côté artisanal, ce projet fait bel et bien partie de la programmation de l’opéra national. « Si on veut séduire un jeune public, ce n’est pas en lui présentant un sous-spectacle qu’on va le faire, remarque Christophe Ghristi, le directeur artistique du Capitole*. Là, tous les chanteurs qui jouent dans ce projet chantent aussi sur la scène du Capitole. Il n’y a pas de différence, pas de hiérarchie. Je tenais aussi à ce qu’il y ait des costumes, et des décors, entièrement créés à la main dans nos ateliers de confection. »*

« J’adore cette idée de voyager à la manière des bohémiens, des saltimbanques, complète Pierre-Emmanuel Roubet, ténor. Pour ce spectacle, cela m’aide d’avoir côtoyé le milieu alternatif, c’est-à-dire hors théâtres ou opéras nationaux. Cette façon de rencontrer les spectateurs est différente. Là nous sommes au-milieu d’eux, à quelques mètres, sans coulisses, et dans des cadres sympathiques, comme des places ou des halles. Parfois, on voit même des enfants se boucher les oreilles à cause de la force de notre voix. On ne s’en rend pas forcément compte à l’opéra. »

Le Capitole de plus en plus hors les murs

Il n’aura fallu que quelques secondes pour captiver les quelques 120 élèves de Ségoufielle et d’un village voisin, venus assister au spectacle. Les chanteurs sont très proches de leur public, et surtout le chant final est repris par toute l’école. « Je ne pensais pas que ça allait être aussi bien, j’ai adoré, se réjouit Titouan, 11 ans*. C’est la première fois qu’il y a de l’opéra ici, et j’ai trouvé ce projet super cool pour toute l’école de Ségoufielle. »*

Par ce concert, mais aussi des visites de l’opéra, des ateliers pédagogiques en classe, le Capitole veut resserrer les liens avec les écoles de la région. L’an prochain, un nouveau spectacle devrait tourner dans d’autres départements voisins.

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