Dimanche 6 décembre, à la Maison de la Radio, l’Orchestre de l’Opéra de Paris achevait avec Siegfried son enregistrement de l’intégrale de la Tétralogie de Wagner. L’aboutissement d’un projet colossal, qui marque la dernière production lyrique de Philippe Jordan à la tête de l’Orchestre.
En ce dimanche après-midi, l’ambiance est particulière à l’Auditorium de Radio France. L’Orchestre de l’Opéra de Paris s’apprête à interpréter Siegfried pour les micros de France Musique, qui diffusera le Ring dans son intégralité du 26 décembre au 2 janvier 2021. Après des captations à l’Opéra Bastille, c’est à la Maison de la Radio que l’orchestre achève cette Tétralogie qui a survécu à la tempête des confinements, en étant enregistrée en version de concert. Croisé dans les couloirs de la régie, Stéphane Albini, chef de service des dispositifs musicaux à l’Opéra national nous fait part de sa joie d’avoir réussi ce pari dans ces conditions : « C’était un gros challenge, et on est très heureux d’y être arrivé, avec les équipes de l’Opéra, avec les équipes de la radio qui nous ont aussi également bien aidé. On est content de l’avoir fait. Mais on est un petit peu claqué ».
Si l’enregistrement se fait à huis clos, on note tout de même la présence dans la salle de la ministre de la culture Roselyne Bachelot, Alexander Neef, le nouveau directeur de l’Opéra de Paris, la direction de Radio France et quelques journalistes. Aujourd’hui, c’est aussi la dernière production lyrique que Philippe Jordan dirige à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Il fera à 19h ses "au revoir" aux musiciens et aux équipes techniques. Stéphane Albini a travaillé avec lui dès le début de son mandat : « J’ai connu le papa, donc c’est non pas de la tristesse mais avec de l’émotion qu’on va terminer notre collaboration. Même si je suis certain qu’il va revenir pour nous refaire un petit Ring à l’Opéra ».
« Vous allez me manquer, vous êtes en super forme »
Ce Siegfried a été dirigé avec énergie par le chef, que l’on a vu sourire plus d’une fois lors de ses interactions avec les musiciens. Laurent Verney est alto solo, et pour lui aussi la soirée a été très émouvante : « C’est quelqu’un qui nous a apporté énormément. 12 ans je crois que c’est inédit à l’Opéra, et en plus ce que j’aime bien chez Philippe c’est que c’est quelqu’un qui sait fédérer. Et c’est pour ça, il me fait penser beaucoup à Federer. On a envie de les accoster facilement, ils ont un abord très facile. C’est facile d’avoir un chef autoritaire, ou un chef qui laisse un peu faire. Mais avoir les deux en même temps … Il a toujours été courtois et ça c’est une qualité. »
A la fin de l’enregistrement, chaudement applaudi, Philippe Jordan a tenu à rendre hommage à ses musiciens, « Vous allez me manquer, mais vous êtes en super forme, j’adore cet orchestre, j’adore votre jeu, j’adore votre passion ».
Il a remercié chaque pupitre et nous lui avons demandé comment il se sentait après avoir dit au revoir à son orchestre : « Un peu partagé entre la tristesse, la joie, parce qu’on a pu vraiment réaliser ce projet malgré les difficultés pour l’obtenir et c’est extraordinaire. Je suis trop content de l’avoir fait et je sais qu’on a été en période de transition mais l’orchestre est en super forme. J’étais là pour les accompagner, ça me donne beaucoup de joie ».
Ce n’est pas les mains vides, mais avec une caisse de champagne offerte par l’orchestre que Philippe Jordan est descendu de son pupitre. Futur directeur musical de l’Opéra de Vienne, il reviendra tout de même diriger l’Orchestre de l’Opéra de Paris pour un concert symphonique de fin de saison avec « je l’espère du public ».
Un au revoir à écouter sur France Musique qui diffusera ce cycle complet du Ring du 26 décembre prochain au 2 janvier 2021.
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