Le 6 mai dernier, en plein confinement, le président de la République Emmanuel Macron annonçait la mise en place d’un été culturel et apprenant dont l'objectif était notamment de permettre aux artistes de travailler à nouveau. Qu'en a-t-il été ?
Observer la nuit tomber dans le bois de Vincennes, c’est ce que proposaient les artistes Johnny Lebigot, Corine Miret et Stéphane Olry. Leur promenade guidée, ponctuée de danses et de lectures faisait partie des évènements proposés cet été en Ile-de-France, dans le cadre de l’Eté culturel et apprenant. Stéphane Olry, auteur, comédien metteur en scène, co-organisateur de ces promenades, raconte leur mise en place :
« Ce qui était un peu particulier c’était l’urgence de l’affaire donc on découvre l’appel à projets, on en discute avec Corine et Johnny, on s’est rappelé de ces promenades dans le bois, on s’est dit que c’était l’occasion de joindre l’utile à l’agréable, puisque toutes nos représentations avaient été annulées. »
Ensuite, tout s'est fait rapidement : « On est allé faire un premier repérage pendant deux jours et puis on a bâti le projet comme ça, mais ça s’est fait très vite, en réalité normalement le temps de production pour des spectacles il est beaucoup plus long, là on a tout fait en deux mois en fait ».
Casser le confinement humain et culturel
Ces promenades, la compagnie les avaient déjà en tête grâce à une ancienne résidence au Théâtre de l’Aquarium. La violoncelliste Aurélie Allexandre d'Albronn a quant à elle concocté un programme d’une heure qu’elle a joué dans toute la France, en Ehpad, en encore dans des médiathèques. Des concerts qui ont changé son rapport à la scène, explique la musicienne, en allant directement à la rencontre du public. « Le moment du concert était à chaque fois très fort, parce que toute la symbolique est là de casser le confinement à la fois humain et musical.»
Une initiative rassurant également pour l'artiste, qui s'est beaucoup interrogé sur la matérialité de l'art, et son accès gratuit pendant le confinement : « Pouvoir voir des opéras du MET en live gratuitement pendant tout le confinement c’était génial, sauf qu’en fait l’art n’est pas gratuit pour ceux qui le font et rien ne remplace la scène donc ça avait une valeur d’autant plus forte dans ce contexte là. Pour moi aussi le public m’a fait du bien à ce niveau-là ».
« Tout n'était pas parfait »
Aurélie Allexandre d'Albronn a été directement contacté par différentes structures pour participer à l’été culturel et apprenant. L'ensemble Les Siècles y a également participé avec la compagnie Les Lunaisiens, tout comme l'Orchestre National d'Ile-de-France qui a présenté l'un des 235 projets ont validés par la DRAC dans le cadre de l’été culturel en Ile-de-France. Laurent Roturier en est le directeur : « Pour nous ce qui était important c’est que les projets soient à dimension professionnelle, c’est-à-dire qu’il y ait la dimension de lieux que nous soutenons, de compagnies avec lesquelles nous travaillons, d’orchestres, d’ensembles avec qui nous sommes en lien.»
Deuxième critère, une « rencontre sensible » avec les populations. « Nous avons évidemment privilégié les opérations dans les zones rurales, dans les zones urbaines de notre territoire, pour permettre ces opérations. »
La encore, «l'urgence de l'affaire » comme le disait Stéphane Olry est une nouvelle fois mentionnée : « Ca s’est fait dans des conditions sanitaires extrêmement précises mais tout ça s’est mis en place et je crois que nous avons pu atteindre cet objectif même s’il faut être très humble et très modeste, tout n’était pas parfait, nous avons monté ça en très peu de temps l’équipe de la DRAC s’est mobilisée d’une manière exceptionnelle et je pense que l’été culturel en Ile-de-France qui était une première pourra, dans les années qui viennent, se développer à nouveau. »
Côté bilan, grâce aux 4 millions d’euros débloqués pour la DRAC Ile-de-France, plusieurs dizaines de milliers d’heures de travail ont pu être générées pour les artistes et les professionnels de la technique cet été selon Laurent Roturier. Parmi les éléments à améliorer, la plateforme peu lisible qui recensait à l’échelle nationale tous les projets ainsi que la communication. Peu de participants croisés lors des activités avaient entendu parler de l’été culturel et apprenants.