L'artiste ukrainienne, membre du groupe "Dakh Daughters", est hébergée à Vire, dans le Calvados. Depuis la France, elle continue de lutter à travers son art, pour "combattre le monstre russe". Rencontre.
Sur scène elles se peignent le visage en blanc, les lèvres en rouge brillant. Mélange de cabaret, de punk, Solomiia Melnyk porte haut et fort les messages des Dakh Daughters : féminisme, émancipation, dénonciation de Vladimir Poutine. "Nous avons créé le groupe juste avant la révolution de la dignité en Ukraine, en 2014", indique-t-elle. "Après la guerre du Donbass, nous avons compris que nous n'étions pas seulement des artistes : nous sommes citoyennes dans ce pays et pour nous, il est très important de dire ce qu’il se passe. Nous voulons chanter sur cette douleur."
"Au début ce groupe, c’était juste pour rire. Ce n’était pas profond comme maintenant. Nous avons réalisé ensuite que nous voulions transmettre des messages plus sérieux. Que les spectateurs ne sortent pas de nos spectacles avec l’âme vide"
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Le même quotidien, ou presque
Nous sentons une solidarité, c’est très important pour nous. Nos amis français Lucie Berelowitsch, directrice du Centre dramatique national de Normandie, et Stéphane Ricordel, du Théâtre Monfort à Paris, nous donnent l'opportunité de faire des choses"
L'artiste découvre la nourriture française, bonne, mais ce n'est "pas la même saveur". La langue, "belle mais étrange", dit-elle, sans oublier les rouages de l'administration, "beaucoup de bureaucratie en France !". Et par le biais d'un micro, derrière un clavier ou un violoncelle, Solomiia continue, avec ses consoeurs, de défendre un art politique sur les scènes françaises et européennes : "J’ai l’impression d’être comme une guerrière sur le front de l’art. Et j’aide à tuer ce monstre russe, à ma façon. Je dois le faire, c’est un devoir pour moi. Ma musique et mes textes, ce sont mes armes, ce sont les seules armes dont je dispose."
Nous avons beaucoup de projets, de répétitions. Et puis Dakh c’est comme une seconde maison, ça veut d'ailleurs dire 'toit' en ukrainien. Les filles du groupe, pour moi, c’est comme une famille : nous passons beaucoup de temps ensemble, traversons les bonnes nouvelles et les deuils, sommes là pour nous aider les unes et les autres"
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Musique au passé et au présent
Avant la guerre, Solomiia aimait se rendre à des festivals de cinéma. Elle choisissait un réalisateur, avec son mari, et regardaient tous ses films. Ceux de Paolo Sorrentino, se rappelle-t-elle, juste avant de quitter l'Ukraine. Elle se remémore les voyages avec ses parents, musiciens : "Quand j’étais jeune, avec mes parents, nous allions dans les petits villages, ils enregistraient les habitants en train de chanter pour garder une trace des vielles chansons ukrainiennes." Elle se rappelle aussi de la musique, qui résonnait à la maison, pense à sa mère restée à Kiev et à son père, mélomane, décédé du Covid-19 avant la guerre. "Mes parents avaient beaucoup de vinyles. Je me souviens que mon père adorait le groupe Earth Wind and Fire*, je me souviens de moi en train de chanter petite fille."*
"Mais quand la guerre a commencé, j’ai arrêté d’écouter de la musique", poursuit-elle, d'un ton devenu subitement grave. "Je ne comprends pas pourquoi, mais je ne peux plus. Maintenant, quand j’en écoute, c’est seulement pour le travail. Je me sens vide, j’ai un trou à l’intérieur. Mais nous devons crier, sur ce qu’il se passe en Ukraine." Les Dakhs Daughters, comme beaucoup d'Ukrainiennes, sont en ce sens des "sorcières", conclut Solomiia. Mais pas des sorcières au sens péjoratif : des femmes puissantes, dit-elle, belles, et omnipotentes.
Programmation musicale
- 08h08
Symphonie n°3 en la min op 56 : 2. Vivace non troppo Felix Mendelssohn (Compositeur)Symphonie n°3 en la min op 56 : 2. Vivace non troppoYannick Nézet-Séguin (Chef d'orchestre), Orchestre de Chambre d'Europe
Album Felix Mendelssohn : Symphonies 1 à 5 (2017)Label DGG (DEUTSCHE GRAMMOPHON) (02894797337)
L'équipe
- Production
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