Sasha Morozova : "Une note suffit parfois pour comprendre que vous êtes en vie"

Sasha Morozova continue de jouer du piano, notamment à l'atelier des artistes en exil, à Paris
Sasha Morozova continue de jouer du piano, notamment à l'atelier des artistes en exil, à Paris ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Sasha Morozova continue de jouer du piano, notamment à l'atelier des artistes en exil, à Paris ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Sasha Morozova continue de jouer du piano, notamment à l'atelier des artistes en exil, à Paris ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
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La pianiste et compositrice ukrainienne est arrivée en France mi-mars. Loin de Kiev, ballotée d'un foyer à l'autre, elle se démène pour trouver du travail et aimerait "jouer autant que possible" pour aider l'Ukraine.

L'éducation musicale de Sasha commence par du classique : le Conservatoire de Kiev, et une professeure de piano, Ludmilla, qui la pousse très jeune à voyager. "C’est une femme incroyable, comme une seconde mère pour moi, elle voulait m’éduquer de la meilleure façon", raconte la pianiste. "Quand j'étais jeune, nous sommes allées au Louvre, à Orsay… Elle m’a montré les grands peintres, m’a dit que si je voulais jouer Debussy, je devais regarder des peintures impressionnistes."

Mais après une compétition, Sasha abandonne le classique. "Pas pour elle", dit-elle, en secouant ses cheveux bouclés. La jeune femme commence alors à écrire sa propre musique, encouragée dans ce sens par sa professeure. Elle joue dans des bars à Kiev, des festivals, et de fil en aiguille, se fait connaître comme compositrice, pour le théâtre, le cinéma. Jusqu'au 24 février dernier. "Tout a changé du jour au lendemain. Le lundi, je jouais dans mon bar préféré. Le mardi, je jouais dans un théâtre. Et le jeudi, la Russie a commencé à nous bombarder. Je me suis réveillée à 6h du matin, j’ai vu les gens courir, courir, courir encore…"

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Reportage
4 min

Trouver un toit et un piano

Le début d'un périple : la Pologne, puis la Haute-Savoie. Hébergée par un ami réalisateur, qui l'a aidée à faire les démarches pour rester en France : "C’est comme une protection temporaire, très facile à obtenir pour les Ukrainiens. Maintenant nous avons des papiers officiels, et pour l’instant, je peux rester en France jusqu’en octobre." Sa mère, qui l'a rejointe, est hébergée à côté d'Annecy, "près des montagnes". Son père, ancien physicien nucléaire à Tchernobyl, est quant à lui resté en Ukraine.

Je suis heureuse, très heureuse d’être en France. Mais je regarde les nouvelles tous les jours, et c'est très difficile de voir les bombardements qui s'abattent sur mon pays."

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Quant à Sasha, elle veut tenter sa chance à Paris, où elle est arrivée lundi. "J’ai l’impression de vivre dans un film et de ne jamais en connaître le scénario. Parce qu’à Paris, ce n’est pas si simple que ça de trouver un endroit pour vivre." Heureusement, via un groupe Whatsapp, elle a trouvé un hébergement temporaire, on ne peut plus adapté à sa vie de musicienne : "C’est un appartement très beau, au centre de Paris, et la famille est merveilleuse. Ils ont une harpe, des guitares, un piano… Tout le monde chante et joue de la musique !"

Il est très important de jouer. Ces dernières semaines, je n’ai fait que courir. Maintenant, je me suis posée, et je veux aider mon pays. Je peux parler avec ma musique, celle que je compose, mieux qu’avec n’importe quelle autre musique."

Reportage
3 min

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"Je serais très heureuse de collaborer avec des artistes français"

Sasha vient aussi pratiquer à l'atelier des artistes en exil, dans le IIe arrondissement de Paris, où nous l'avons rencontrée. "Parfois, je viens et je joue seulement une note. Une note suffit parfois pour comprendre que vous êtes en vie. À partir de cette note, quelque chose naît, et jour après jour, vous devenez plus fort." La pianiste veut continuer à jouer "pour aider l'Ukraine", dit-elle. Elle peaufine son CV : compositrice pour le film Stop-Zemlia de Kateryna Gornostai, réalisatrice ukrainienne réputée, apparition dans le documentaire Génération Maidan, d'Andrew Tkach. "Il est très important de créer, d’avoir l’opportunité de créer. J’espère rencontrer des gens intéressés par ma musique. En Ukraine, je connais beaucoup de réalisateurs, c’était facile de trouver des connexions. Dorénavant, je serais très heureuse de collaborer avec des artistes français."

Depuis le début de la guerre, beaucoup de musiciens ukrainiens ont commencé à créer des chansons et des morceaux. Nombreux sont mes amis qui écrivent de la musique pour soutenir l’Ukraine."

Et si la guerre venait à empirer, Sasha aimerait que Ludmilla, sa professeure de piano, sa "deuxième maman", la rejoigne en France. Et pourquoi pas retourner à Orsay, toutes les deux, contempler les peintures des impressionnistes.

Reportage
4 min

Programmation musicale

  • 08h09
    La vita è bella
    La vita è bella
    Orchestre De L Academie Musicale Italienne
    La vita è bella

    Nicola Piovani (Chef d'orchestre), Banda Musicale Citta Di Bevagna

    Album Bof / La vie est belle (1999)
    Label VIRGIN

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