

C’était hier à la Philharmonie de Paris : le concours la Maestra réservé aux femmes cheffes d’orchestre a décerné son premier Prix à la candidate polonaise Anna Sułkowska-Migon. Elle s’engage dans les pas de Rebecca Tong, la cheffe indonésienne qui remportait la précédente édition du concours.
Dans les couloirs de la Philharmonie, la candidate française Mélisse Brunet se présente, la démarche volontaire et le sourire large. Elle arrive tout juste des États-Unis où elle travaille depuis 12 ans après un diplôme au Conservatoire de Paris. Sa participation à la première édition de La Maestra avait été empêchée par les contraintes liées à la pandémie. La candidate de 45 ans s’est finalement décidée à se joindre à la deuxième édition : une opportunité assez unique pour elle, lorsque la quasi-totalité des concours internationaux n’accepte pas les candidats au-delà d’un certain âge.
"J’ai commencé assez tard et les limites d’âge pour les concours c’est 35 ans. Les choses ont beaucoup changé. C’est pour moi une super opportunité d’avoir une autre chance en étant plus mure, et que la société ait tellement changé en cinq ans. Depuis, tous les autres concours ont sélectionné beaucoup plus de femmes. Je ne pensais pas assister à ça dans ma vie et ça me rend tellement heureuse !"
A tout juste 21 ans, la candidate franco-britannique Stephanie Childress remportait l’an dernier la deuxième place du podium. Elle est aujourd’hui l’assistante du chef Stéphane Denève auprès de l’orchestre de Saint-Louis aux États-Unis. Elle a pu développer grâce au concours ses liens avec les formations françaises : l’orchestre de Montpellier, l’orchestre de Paris et bien sûr le Paris Mozart Orchestra dirigé par Claire Gibault. « La Maestra a changé beaucoup de choses en France, Claire Gibault a récupéré beaucoup d’orchestre et managers, et a permis aux cheffes de se présenter à ces managers de manière formelle, ce qui était super pour nous. Même si c’était une compétition, on était assez relax ce qui était bien. C’est super de voir les autres diriger, de se donner des conseils, de parler de notre carrière depuis, d’avoir un dialogue et un échange assez libre entre nous. C’est quelque chose d’assez spécial. »
De son côté, Claire Gibault observe avec bonheur le magnifique épanouissement des lauréates de l’année passée : « j’avais un grand faible pour Stephanie Childress qui se confirme. Elle était un peu raide, à l’anglaise bien qu’étant française, et maintenant elle est très chaleureuse, je l’ai vue répéter toute l’après-midi avec le Paris Mozart Orchestra, c’était un bonheur ! C’est une excellente violoniste, elle sait très bien faire travailler les cordes et elle est déjà allée loin dans la recherche de l’interprétation avec son violon. »
Claire Gibault constate également l’évolution fulgurante d’un environnement qui s’ouvre peu à peu. « Il y a maintenant quatre directrices en France d’orchestres permanents. En deux ans ça a changé à ce point-là ! Et je pense que les managers se font non seulement un devoir, mais un plaisir de rechercher des cheffes d’orchestre. »
Directrice déléguée en charge de la responsabilité sociale et des nouveaux projets à la direction générale de la Philharmonie de Paris, Sarah Koné amorce déjà les réflexions pour le développement du concours dans les années à venir : « Notre responsabilité en tant qu’établissement, c’est de savoir combien de temps on discrimine positivement, pourquoi, et est-ce qu’on souhaite que ça s’arrête un jour et si ça s’arrête, est-ce qu’on aura atteint notre but. »
La prochaine étape, nous explique Sarah Koné concernera la question autour de la vocation des jeunes filles pour faire disparaître les censures multiples qui pourraient détourner les adolescentes d’un rêve à la baguette.
Programmation musicale
- 08h09YVAIN MAURICE (Compositeur)Yes : Yes (Acte II) Air de Totte
, SAMUEL JEAN (Chef d'orchestre), JULIE FUCHS, ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
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