La finale du concours, qui promeut les talents ultramarins, est diffusée ce lundi soir sur France Musique. Avant cela, autodidactes et chanteurs expérimentés se sont côtoyés la semaine dernière lors de masterclass, qui ont révélé toute l'étendue de leur potentiel.
Ils viennent de Guadeloupe, de Guyane, de la Réunion ou encore de Saint-Pierre et Miquelon : les dix-sept finalistes du concours Voix des Outre-mer. Un concours qui a pour objectif, depuis quatre ans, de rendre visible la diversité et la richesse des talents ultramarins, qui ne bénéficient souvent pas de l'attention qu'ils méritent. La finale, qui a lieu ce lundi soir à 20h, sera diffusée en direct sur France Musique et sur la chaîne La 1ère.
Au préalable, les apprentis chanteurs ont pu profiter de masterclass durant toute une semaine, dans l'écrin de l'Opéra Bastille. L'occasion de peaufiner leur technique sous la houlette du truculent Fabrice di Falco, le chanteur lyrique, fondateur des Voix d'outre-mer. "Ces jeunes me comprennent rapidement. Je suis un Noir de Martinique, j’ai pu leur parler immédiatement de mon parcours. Je leur dis que je sais aussi chanter tout ce qu’ils aiment chanter. Je fais moi-même les masterclass dans toutes les régions d’Outre-mer", explique-t-il : "Et rester une semaine à l’Opéra de Paris pour que toutes ces voix des Outre-mer puissent répéter, c’est déjà une façon pour eux d'entrer dans un milieu qu’ils croyaient élitiste."
Et l'engouement se confirme : 100 inscriptions il y a trois ans, pour la première édition, plus de 500 pour le cru 2022. "Toutes les inscriptions du concours passent par les réseaux sociaux, le numérique. Cela permet en un seul clic à des jeunes qui chantent sous leur douche de la musique de variété, qui n’auraient jamais même imaginé pouvoir chanter, de s’inscrire", souligne Julien Leleu, président de l'association Les Contre-courants, qui organise le concours. "Il faut juste envoyer une vidéo de candidature sur un formulaire web."
Pompier et prof de physique-chimie
Résultat : de plus en plus d'autodidactes tentent leur chance. Mathieu, le professeur de physique-chimie qui représente la Guyane, ou encore Pierre-Lou : un grand gaillard de 19 ans, finaliste de Saint-Barthélémy et Saint-Martin, sapeur-pompier volontaire. "Je ne savais pas à la base que c’était un concours lyrique, je me suis inscrit en pensant à l'émission The Voice", témoigne ce dernier. "J’ai appris que j’avais une voix de contre-ténor, à ma grande surprise. J’ai travaillé ça depuis un mois avec Fabrice, et maintenant, on arrive à chanter Ave Maria. Le fait d’avoir des gens qui nous regardent pendant ces masterclass, nous aident, ça apporte des choses en plus. Ça permet d’avoir une critique positive, constructive, ça vaut des dizaines d’heures de cours qu’on peut condenser en très peu de temps."
De plus en plus de jeunes autodidactes viennent s’inscrire sans avoir aucune connaissance du chant lyrique, juste pour pouvoir toucher du bout des doigts ce travail technique et vocal. Dans ces autodidactes, on arrive à déceler de vraies voix qui sont encore vierges, des diamants bruts" - Julien Leleu
Une diversité qui réunit
Des masterclass réputées à tel point que Toni, 17 ans, a fait le voyage depuis la Réunion pour en profiter, alors qu'elle a déjà participé et impressionné au concours l'an dernier. "C’est extrêmement intéressant de voir cette diversité qui en même temps nous réunit", estime l'adolescente, également violoncelliste : "Ce genre de concours permet aux Outre-mer de montrer tous les talents que l’on cache. C’est extrêmement important pour moi de faire valoir que oui, en tant qu’Outre-mer, on existe, on mérite notre place autant que les autres dans les conservatoires et sur scène."
Le conseil que je peux leur donner, en tant que professionnel, est important. Mais je pense que les conseils d’autres candidats, qui sont dans la même salle, est aussi important. Une seule personne ne peut pas avoir une vérité. Je fais parfois des battle entre deux contre-ténor, non pas pour qu’ils puissent savoir lequel est extraordinaire, mais pour voir ce que l'un peut apporter à l’autre" - Fabrice di Falco
Pierre-Lou, de Saint-Barth, a-t-il fait son choix entre une carrière de pompier ou de chanteur ? "Je pense que j’ai eu un déclic avec le concours régional en Guadeloupe, je me suis dit que c’est ce que je voulais faire. Je vais retourner en métropole, et travailler jusqu’à atteindre mon objectif." Et pourquoi pas marcher sur les pas de la Guyannaise Marie-Laure Garnier, lauréate du concours en 2019, et Révélation artiste lyrique l'an dernier aux Victoires de la musique classique.
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