Le Dallas Symphony Orchestra a habilement navigué entre les différentes vagues. Ses musiciens se sont beaucoup produits et ont été payés durant toute la pandémie. Reportage sur place au Texas.
Nous sommes dans le grand hall du Meyerson Symphony Center, imaginé par l'architecte I.M. Pei. L'écrin de l'Orchestre symphonique de Dallas, qui a moins souffert que d'autres durant la pandémie. "Nous avons eu beaucoup d’opportunités de jouer de la musique, car nous vivons dans l’État du Texas, nous n’avions pas beaucoup de règles ici", indique Kim Noltemy, présidente de l'ensemble depuis 4 ans. "Le bon côté, c’est que nous avons pu donner des concerts durant presque toute la pandémie, devant un public restreint, d'abord, puis pour des audiences de plus en plus grandes."
Le Dallas Symphony Orchestra a été le premier orchestre américain à donner un concert pour entamer la saison 2021, accompagné de Fabio Luisi, son directeur musical. Avec un geste de solidarité médiatisé, en mars 2021 : "Nous avons invité à Dallas 50 membres de l'orchestre du Met de New-York. 100 musiciens étaient sur scène pour jouer la Symphonie n°1 de Mahler. Nous voulions les soutenir car ils n’avaient pas été payés et même si c’était seulement un peu d’argent, c’était déjà ça, ainsi qu’une opportunité pour eux de jouer."
La pandémie a-t-elle modifié la façon de travailler au Symphony Center ? "Premièrement, j'ai l'impression qu'on communique beaucoup mieux entre nous, que les liens ont été renforcés", observe Kim Noltemy. "Nous avons également eu recours à la technologie pour diffuser nos concerts dans le monde. Et c'est toujours le cas : nous avons investi beaucoup d’argent et de temps pour pouvoir continuer à le faire. Rien que cette année, plus de 25 de nos concerts sont diffusés en ligne."
Les musiciens payés durant toute la pandémie
À Dallas, les musiciens, masqués et régulièrement dépistés, ont été payés tous les mois. Ce qui n'était pas gagné car les orchestres américains sont gérés de façon privée, explique Daphné Volle, violoniste française qui joue depuis 25 ans dans la formation : "L’aspect financier était difficile car nous n’avions pas le soutien d‘un gouvernement. Il est compliqué d’aller vers les sponsors et de leur demander de nous donner 1 millions, 2 millions, voire 3 millions de dollars pour survivre. C'était un challenge, mais nous y sommes arrivés."
Et être un orchestre privé leur a permis de prendre plus de libertés selon elle : "Nous n’avons pas de directive de la part de la ville ou du gouvernement. Ce qui est un atout, parce que si on a, comme c’est le cas pour nous, une direction très efficace et créative, cela nous permet de faire des choses que nous ne pourrions pas faire sinon. Nous sommes autonomes, nous prenons nos décisions nous-mêmes. Toutes les décisions sont prises avec les musiciens, donc nous avons notre mot à dire. Ce qui n’est pas le cas dans les orchestres français." Daphné Volle a ainsi pu organiser une série de concerts "déconfinés", en plein air, dans Dallas.
La fin d'une longue hibernation pour la culture
Dans la métropole texane le Covid a tout de même laissé quelques traces sur la vie culturelle. À l'Opéra par exemple, nous entrons, mais le box office est fermé : les réservations se font désormais exclusivement en ligne, nous dit-on. Et de l'autre côté de la rue, au Centre de Théâtre de Dallas, toute activité a cessé pendant de long mois. "Concrètement, toute l'industrie du théâtre aux États-Unis s'est arrêtée du jour au lendemain. Un mois après le début de la pandémie, 95% des théâtres avaient baissé le rideau", signale James, qui construit des décors. Squick, régisseur, préfère se focaliser sur le positif : "Heureusement, ici, le conseil d'administration a préservé nos emplois. Nous avons continué à être payés durant toute la pandémie, et je leur en suis très reconnaissant."
Mais tout est plus ou moins revenu à la normale ici à Dallas, affirment les employés du secteur culturel. Le public est de retour, et à l'Orchestre symphonique, les musiciens ont hâte de pouvoir partir à nouveau en tournée (en Asie puis en Europe, espèrent-ils), et de jouer à nouveau des œuvres avec l'orchestre au complet. "Fabio Luisi a prévu beaucoup de grosses œuvres, parce que nous avons dû travailler avec un orchestre plus petit pendant longtemps", souligne Kim Noltemy. Comme le Requiem de Verdi l'an prochain.
Programmation musicale
- 08h08
La fille aux cheveux de lin : Preludes livre I / Transcription pour violon et piano Claude Debussy (Compositeur)La fille aux cheveux de lin : Preludes livre I / Transcription pour violon et pianoItzhak Perlman (Violon), Samuel Sanders (Piano)
Album Encores (1974)Label EMI (5569572)
L'équipe
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