"C'est un cauchemar" : les musiciens ukrainiens tremblent pour leur pays et leur famille

Depuis la déclaration de guerre de Vladimir Poutine à l’Ukraine jeudi dernier et l’arrivée des troupes russes sur le territoire, des milliers d’Ukrainiens ont fui le pays. Il y a ceux qui partent donc, ceux qui restent, mais aussi ceux qui, impuissants, ont dû suivre les évènements depuis l’étranger. C’est notamment le cas d’artistes, de musiciens, dont nous avons recueilli la parole.

Jeudi dernier, le 24 février, Vladimir Poutine lançait une opération militaire sur l’Ukraine et ce jour-là tout a basculé pour les ressortissants ukrainiens du monde entier. Yuri Shraibman, clarinettiste et saxophoniste, vit en France et depuis cinq jours, ses yeux sont rivés sur son pays, l’Ukraine : "J’ai de la famille à Kiev, à Karkhiv. Je pense que tous les ressortissants ukrainiens sont collés à la télé, on regarde les infos, on appelle, on essaie d’avoir des nouvelles. Pour tout le monde, c’est inattendu. C’est un cauchemar."

"Il est difficile d'être en Ukraine mais aussi d'être loin"

Le chef ukrainien Kirill Karabits, lui, est actuellement en répétition à l’Opéra de Montpellier pour la production de Pelleas et Mélisande qu’il dirige à partir de la semaine prochaine. Il vient de Kiev, où se trouve actuellement une partie de sa famille : "Ma mère et ma sœur sont à Kiev et elles sont obligées de se cacher de temps en temps, elles sont au centre de Kiev, il y a les sirènes partout dans la ville, c’est vraiment terrible. Il est difficile d’être en Ukraine mais aussi d’être loin, je n’aurais jamais pensé vivre ça dans ma vie : une guerre comme ça dans mon pays, en plus avec la Russie. J’ai essayé ces dernières années de diriger en Russie, de jouer la musique ukrainienne en Russie. Je crois au dialogue".

Entre l’Ukraine et la Roumanie, se trouve la Moldavie. Comme l’Ukraine, ce pays faisait partie de l’Union Soviétique, avant son indépendance en 1991. Et lorsqu’on interroge Igor Ciobanu, violoniste et altiste moldave, sur l’invasion russe en Ukraine, il parle d’un "coup de massue" : "On est tous très choqués et solidaires avec le peuple ukrainien. On a beaucoup d’amis et de famille là-bas. Ma cousine, par exemple, s’est enfuie, elle habitait à côté du Port d’Odessa. Elle a réussi à passer la frontière et à venir en Moldavie, enceinte. Son mari a dû rester. On est solidaire avec le peuple ukrainien, et on veut que ça s’arrête rapidement parce que c’est affreux."

Igor Ciobanu est inquiet pour l’Ukraine mais aussi d’un conflit à venir dans son pays. Sur le territoire moldave se trouve une autre entité séparatiste, la Transnistrie, où se trouvent des militaires russes.