A la découverte du métier de chef de chant, « c’est un don de pouvoir représenter l’orchestre en répétition »

Sur la porte, il est inscrit que la répétition est réservée aux artistes. Les Académiciens de l’Opéra de Paris travaillent à Bastille sur une nouvelle production du Couronnement de Poppée, mise en scène par Alain Françon et dirigé par Vincent Dumestre. Derrière le clavecin, pour faire travailler les chanteurs, il y a Ramon Theobald. Chef de chant en formation à l’Académie de l’Opéra de Paris, il nous présente sa fonction :  « C’est un travail de backstage parce qu’on travaille beaucoup pendant les répétitions pour préparer l’Opéra. On fait le lien entre le chef et le chanteur. Chaque journée est différente, c’est très dynamique, on peut répéter un jour avec un chanteur, puis faire une répétition scène-piano, ce qui est complétement différent, puis un coaching de langue, ou encore un cours avec le professeur de chant. C’est toujours différent ».

Le lien entre la maison et les chanteurs invités

Le chef de chant doit accompagner aux mieux les chanteurs et chanteuses tout au long du processus de préparation de leur rôle. Il ou elle doit pouvoir jouer toute la partition d’un opéra au piano, mais aussi connaitre son orchestration, les répliques, et la diction, que l’opéra soit français, russe ou italien, faire le lien avec le metteur en scène et l’orchestre. Un rôle complet et incontournable, explique Alexander Neef, directeur de l’Opéra de Paris : « La place des chefs de chant à l’opéra c’est vraiment le lien entre la maison et les chanteurs invités, qui viennent pour les spectacles. Le rôle du chef de chant en répétition est vraiment crucial pour la bonne préparation du spectacle, c’est lui qui veille à la qualité musicale. Je pense que le public ne sait pas à quel point c’est difficile de recréer une partition d’orchestre en salle de répétition au piano tous les jours. C’est un vrai métier, c’est un don de pouvoir représenter l’orchestre en répétition pendant des semaines et de créer l’ambiance musicale de chaque production. »

« C'est un rêve qui se réalise »

L’Opéra de Paris travaille avec une dizaine de pianistes chefs de chant, dont deux nouveaux arrivés depuis hier, Michalis Boliakis et Tanguy de Williencourt . Nous avons rencontré le pianiste le lendemain de la finale, il avait encore du mal à réaliser. « C’est complètement inattendu et inespéré. L’annonce du concours a été faite il y a deux mois, j’ai vu le programme qui était magnifique, il y avait une multitude d’extraits, d’actes d’opéra en entier à connaitre. Tout de suite j’ai eu envie de tenter l’aventure, et puis ça a été un weekend fabuleux, le concours s’est déroulé en trois tours, je pensais pas du tout aller au bout. C’est un petit rêve qui se réalise ».

Accompagnateur, médiateur, est-ce un problème que cette fonction ne soit pas plus visible aux yeux du public ? « J’aime beaucoup les backstage, les coulisses », nous répond Ramon Theobald, « je me sens privilégié ». Cette fonction est aussi considérée comme la voie royale, pour ensuite prendre soi-même  la baguette et devenir chef lyrique. Beaucoup d’entre eux ont commencé comme ça.