A Rio de Janeiro, l'Orchestre Chiquinha Gonzaga est composé de 54 jeunes filles issues des écoles publiques de la ville. Monté au départ pour un concert unique à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, il est aujourd'hui pérennisé. Reportage au Brésil de Clawdia Prolongeau.
Chaque vendredi à 15h, les musiciennes de l'Orchestre symphonique Chiquinha Gonzaga se retrouvent dans une salle du Palacio Maçonicodo Lavradio, un grand bâtiment colonial rose situé dans le centre de Rio. Grâce à l'IBME, l'Institut Brésilien de Musique et d'Education, elles ont pu apprendre à jouer d'un instrument dans les écoles publiques de la ville. Le matériel et les cours sont pris en charge, mais aussi les transports, ce qui est loin d'être négligeable car pour beaucoup d'entre elles, ces 3h30 de répétition nécessitent au moins autant de temps de trajet.
C'est le cas de Raquel, violoniste de 16 ans, qui vit à Santa Cruz, un quartier situé à plus de 60 kilomètres du centre de Rio. Elle est partie de chez elle à 11h30, mais ne raterait une répétition pour rien au monde. « Si je ne faisais pas partie de ce programme, je ne ferai pas du tout de musique, parce que c'est cher, les instrument sont chers, je suis la seule musicienne de la famille et c'est arrivé un peu par hasard. Mon rêve était d'être actrice, mannequin, et mon père m'a inscrite à ce programme en disant que ça serait bien pour moi, que ça me sortirait de la routine. Ça m'a plutôt plu et aujourd'hui c'est vraiment devenu ma passion. »
Devant une trentaine de jeune filles très concentrées, Priscila Bomfim, charismatique cheffe d'orchestre qui officie au théâtre municipal de Rio, encourage les troupes et leur rappelle en permanence qu'elles sont dignes de porter le nom de Chiquinha Gonzaga, première cheffe d'orchestre du pays. « Quand nous avons commencé à travailler ça a été très intéressant de remarquer qu'aucune d'entre elles n'était habituée à avoir une place importante dans l'orchestre, donc ça a été pour elles l'occasion de commencer à exercer des rôles moteurs, d'avoir des rôles de solistes par exemple. Parce que normalement, dans ce type de projet social et jusque dans les orchestres professionnels, ce sont les hommes qui sont habitués à occuper ces fonctions. C'est culturel et nous voulons justement montrer à toutes ces filles, le plus tôt possible, qu'elle peuvent elles aussi le faire. »
Dans le public venu assister à ce répétition, on trouve quelques parents, notamment ceux qui ont accompagné les plus jeunes, et Moana Martins, directrice exécutive de l'IBME, qui a créé cet orchestre il y a tout juste un an. À l'origine monté pour un concert unique à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l'Orchestre Chiquinha Gonzaga est finalement resté. « Actuellement, nous avons à peine la moitié du budget dont nous avons besoin sur l'année 2022. C'est très difficile. La plupart de ces filles viennent de familles où on ne gagne même pas deux salaires minimum. À l'adolescence on leur demande de commencer à travailler et nous, nous avons besoin d'aide pour les soutenir et leur permettre de continuer à se consacrer à leurs études. C'est une action de politique sociale culturelle et d'éducation. »
Depuis la création de l'orchestre l'année dernière, deux musiciennes ont intégré un cursus universitaire. En attendant de les suivre, les autres donneront cette année une série de concert à Rio, et l'un d'eux sera même enregistré.
Programmation musicale
- 08h04JOHN WILLIAMS (Compositeur)Jurassic park : Theme
, GUSTAVO DUDAMEL (Chef d'orchestre), , ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE LOS ANGELES
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