Au musée de la Vie romantique, les "héroïnes romantiques" à l'honneur

Le portrait de Maria Malibran dans le rôle de Desdemone par Henri Decaisne en 1830.
Le portrait de Maria Malibran dans le rôle de Desdemone par Henri Decaisne en 1830. - © Musée Carnavalet, CCØ Paris Musées _ Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Le portrait de Maria Malibran dans le rôle de Desdemone par Henri Decaisne en 1830. - © Musée Carnavalet, CCØ Paris Musées _ Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Le portrait de Maria Malibran dans le rôle de Desdemone par Henri Decaisne en 1830. - © Musée Carnavalet, CCØ Paris Musées _ Musée Carnavalet – Histoire de Paris
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Leur point commun ? Elles meurent toutes après avoir aimé passionnément, puis connu un destin tragique ! Les héroïnes romantiques sont à l’honneur au musée de la Vie Romantique à Paris, le temps d’une exposition ouverte aux visiteurs depuis le 6 avril dernier.

Dans la première salle de l’exposition dédiée aux héroïnes romantiques, un tableau très sombre du peintre Antoine-Jean Gros donne le ton : Sapho perchée sur un rocher, sur le point de se jeter dans la mer... un sujet particulièrement apprécié des artistes du XIXe siècle, et notamment de Charles Gounod qui en a fait un opéra en 1851. Avec ce thème des héroïnes, Gaëlle Rio, la directrice du musée et commissaire de l’exposition a souhaité aborder le romantisme selon un angle singulier qui interroge également nos débats contemporains... « Dans la littérature et dans le théâtre, beaucoup d’héroïnes sont mises en scène et les romantiques vont se plaire aussi à représenter cette femme parce qu’elle est le support de plein d’autres idées : elle permet d’incarner un idéal qui est très fort à l’époque romantique, et elle permet aussi d’incarner le drame et les destins tragiques. Il est vrai que le panorama que nous montrons à travers ces différentes œuvres dresse un modèle relativement sacrifié du féminin. Mais il faut aussi transcender cette vision de l’unique victime ou de l’unique sacrifice pour voir aussi que le ressort de ces représentations c’est le drame ! »

Sapho à Leucate par le peintre Antoine-Jean Gros (1801).
Sapho à Leucate par le peintre Antoine-Jean Gros (1801).
- RMN-Grand Palais _ Jean Popovitch

En 1827, au théâtre de l’Odéon sont représentées les principales pièces de Shakespeare. On y trouve Eugène Delacroix, Hector Berlioz, Alexandre Dumas...A une époque où les liens entre littérature, peinture et musique se tissent étroitement dans les salons parisiens, les figures du romantisme circulent très naturellement d’un art à l’autre... : « Desdemone, par exemple, est une héroïne de Shakespeare qui sera transposée en peinture par Delacroix, et mise en scène à l’opéra par Rossini. Les cantatrices qui incarnent Desdemone à cette époque sont ensuite portraiturées par des peintres... »

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Après les héroïnes du passé et les héroïnes de fiction, une dernière salle consacrée aux héroïnes en scène clôt l’exposition, on y découvre les portraits des célèbres Giuditta Pasta et Maria Malibran, peintes par François Gérard et Henri Decaisne... Gaëlle Rio nous les présente : « elles sont des cantatrices que l’on met parfois en rivalité parce qu’elles incarnent des grands rôles féminins sur des scènes en Europe aussi. On apprend aussi qu’elles sont toutes les deux adulées à leur époque. Le fait qu’elles soient représentées dans leurs rôles les plus célèbres montre aussi le phénomène d’icone et de diva qui se développe à l’époque. Et Maria Malibran incarne elle-même aussi une héroïne romantique, le fait qu’elle meure jeune d’une manière tragique, c’est comme s’il y avait un écho entre les rôles qu’elle incarnait et le destin qu’elle connaîtra. »

Aux côtés de ces deux tableaux, on peut admirer Pretty Yende, projetée au mur, dans un extrait de la Traviata mise en scène par Simon Stone. Ce défi de cohabitation a été relevé par la scénographe Cécile Degos (Degosse). « Le Musée de la Vie Romantique a un espace qui est assez contraint, c’est plutôt dans le choix des couleurs, dans le rythme, et dans la dernière salle, comment intégrer une vidéo dans un espace atelier, qui expose à la fois des œuvres, des vases, des sculptures... et une robe ! » ... cette robe de la Sylphide prêtée par le Centre national du costume de scène à Moulins, dans laquelle on peut imaginer Marie Taglioni, idéal de grâce et de légèreté s’envolant dans les airs sous le regard ébahi du public de l’Opéra de Paris à la création du ballet en 1832...

L’exposition « Héroïnes romantiques » est à découvrir au musée de la Vie Romantique à Paris jusqu’au 4 septembre 2022.