

Jusqu’au 14 novembre, en Ile-de-France, le Festival Villes des Musiques du Monde met à l'honneur les musiques et les danses nées dans les troquets, du flamenco à la chanson française. Reportage sur cette "Tournée générale".
C’est à peine remis du concert enflammé donné par Goran Bregović la veille à Aubervilliers que nous nous rendons à l’Alhambra, dans le 10e arrondissement de Paris. La chanteuse franco-grecque Dafné Kritharas est en pleines balances avec ses musiciens. Nous sommes au Festival Villes des Musiques du Monde, qui célèbre cette année les musiques nées dans les bistrots et les cafés. Kamel Dafri, son directeur : « Tout le propos de Villes des Musiques du Monde a toujours été de défendre les musiques populaires, et pour beaucoup de ces musiques, que ce soit le tango, le rebetiko, la rumba cubaine, elles sont nées dans des interstices qui ont rencontré des vagues migratoires : des ports, des cafés, des speakeasy. On oublie souvent que ces musiques, avant de devenir des musiques précieuses, comme on aime à les présenter, sont nées dans le creuset de la vie. »
Le rebetiko, dont parle Kamel Dafri, fait justement partie du répertoire de Dafné Kritharas, qui interprète sur scène des chansons grecques traditionnelles, réarrangées. Et elle nous raconte comment est né ce courant musical, dans les années 20 : « C’est la rencontre entre les immigrés de Smyrne, avec les prostituées, les dealers des bas-fonds du Pirée. Ensemble ils ont donné le Rebetiko. C’est une musique qui était jouée énormément dans les tavernes, dans les fumeries, mais aussi dans les prisons, parce qu’elle était interdite pendant la dictature de Metexas. Donc ça entre complètement dans le thème du festival ».
« Souvent après le travail, les taverniers, les serveurs, s’arrêtent et sortent les bouzoukis »
Aujourd’hui encore, les bars et cafés sont des lieux incontournables pour beaucoup de chanteurs et chanteuses qui démarrent. Ce fut le cas pour Dafné Kritharas, qui a rencontré son premier public dans des tavernes en Grèce : « Il faut savoir que souvent, après le travail, les taverniers et les serveurs s’arrêtent et sortent les bouzoukis. Ça se met à jouer, tout est enfumé. Et puis il y a tout à coup des complaintes pendant la chanson, qui sont improvisées. Ce sont des Amanedes. Et en fait c’est là où j’ai commencé à faire mes premières Amanedes, et à improviser. Je me suis rendue compte qu’il y avait une vraie communion dans ces chants partagés que tout le monde connait, les clients chantaient aussi, c’était magique ».
Sur scène, la chanteuse est accompagnée de plusieurs musiciens, iranien, kurdes. Tous se sont rencontrés à Paris, dans un lieu lui aussi festif, et sur l’eau : la Péniche Anako.
Le festival Villes des musiques du monde se tient en Ile-de-France jusqu’au 14 novembre, avec des concerts, de la danse et des rencontres.
Programmation musicale
- 08h08
Symphonie n°1 en mi min : 3. Juba Dance. Allegro Florence Beatrice Price (Compositeur)Symphonie n°1 en mi min : 3. Juba Dance. AllegroYannick Nézet-Séguin (Chef d'orchestre), Orchestre de Philadelphie
Album Florence Price : Symphonies n°1 et n°3 (2021)Label DGG (DEUTSCHE GRAMMOPHON) (4862029)
L'équipe
- Production
- Autre