La ville de Rio fête ses écoles de samba après deux années d'absence

Dans la rue, comme au sambodrome, la célèbre avenue entourée de gradins où se déroulent les célèbres défilés, la samba retentit de nouveau. Pour son premier carnaval post-covid, après deux années d’attente, Sandra Maranhao porte une large robe blanche et dorée et une coiffe assortie. Elle a 54 ans et a passé plus de la moitié de sa vie dans son école de samba. « Je suis membre de l’école Impératrice Leopoldinense. Elle a beaucoup d’importance dans ma vie, j’y viens depuis que je suis jeune, il y a beaucoup de projets pour prendre soin des adolescents, l’école soutient la communauté. »

Dans quelques minutes, elle s’élancera à nouveau sur la piste du sambodrome. « Nous avons des difficultés, tout le pays en a, mais ici l’école aide toujours ceux qui en ont besoin. Deux ans sans carnaval c’était très triste, nous avons perdu beaucoup d’amis. Mais maintenant nous sommes là pour montrer que tout n’est pas triste »

« C’est la même chose qu’une équipe de foot »

Devant les 5 chars de l’école, 3000 personnes en costume attendent le signal de départ. Parmi eux, un groupe de septuagénaires, « la vieille garde » comme ils s’appellent, trinquent avec leurs gobelets en plastique remplis de bière. « Je suis ici depuis 57 ans », annonce l’un d’entre eux, tandis que son ami répond « l’école c’est comme si c’était notre famille ». « C’est la même chose qu’une équipe de foot, j’aime une équipe de foot et j’aime aussi la samba, pour moi ce sont deux choses fantastiques mais je mets l’école en premier et après, le football ».

« L’école de samba pour moi ça a été un repère pour me réintégrer dans la ville de Rio »

À côté d’eux, Lucia, décorée d’un encombrant costume rouge et or, ne les contredit pas. Cette quinquagénaire ne remerciera jamais assez l’école de lui avoir ouvert ses portes il y a 5 ans, quand elle est revenue vivre au Brésil après 23 ans passés en Europe. « Je suis fille unique et ma mère a Alzheimer. Pour mon père c’était très difficile de vivre seul avec elle, pour des raisons économiques, donc je suis rentrée au Brésil. L’école de samba pour moi ça a été un repère pour me réintégrer dans la ville de Rio. On partage les répétitions, on fait des Feijoada, et des rassemblements, des fêtes, pour se retrouver. Cette année c’est le défilé, et ça me tient beaucoup à cœur parce que justement c’est mon seul loisir, une fois par semaine. J’ai tout donné pour aujourd’hui, pour bien représenter mon école. Je suis vraiment contente, c’est une passion. »

Si l’école Imperatriz Leopolinense gagne cette année, tous ses membres retourneront au sambodrome le 30 avril, cette fois, pour le défilé des champions.