Clarinettes, saxophones : l'impression de becs 3D a le vent en poupe

Syos imprime des becs pour les saxophonistes, professionnels comme débutants
Syos imprime des becs pour les saxophonistes, professionnels comme débutants ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Syos imprime des becs pour les saxophonistes, professionnels comme débutants ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Syos imprime des becs pour les saxophonistes, professionnels comme débutants ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
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Créée en 2016, la société Syos imprime des becs sur-mesure pour les saxophonistes et les clarinettistes. France Musique a poussé la porte de l'usine.

Une zone industrielle, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.  Nous sommes dans l'usine de Syos et autour de nous, trente objets, qui ressemblent un peu à de gros micro-ondes : ce sont en fait des imprimantes 3D. À l'intérieur, un petit bras mécanique se déplace, méthodiquement, sur un plateau. "Sur le plateau va être déposé le filament de couleur. Ce plateau monte et descend, au besoin de l’impression", décrit Esteban Coch, chargé de production. "On a au-dessus du plateau la tête d’impression, dans laquelle est inséré le filament de couleur. Il bouge de droit à gauche pour déposer le fil, couche par couche". Il faut compter entre 3h30 et 12h pour l'impression d'un seul bec, réalisé en SCAL3D, un nouveau matériau mis au point par Syos.

Impression de bec en cours. Il sera prêt dans 4h14 très exactement
Impression de bec en cours. Il sera prêt dans 4h14 très exactement
© Radio France - Louis-Valentin Lopez
Des bobines de filaments rouges, utilisés pour les impressions
Des bobines de filaments rouges, utilisés pour les impressions
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

C'est très précis, au 100ème de millimètre. Imprimer un bec, un procédé analogue à l'impression traditionnelle, ou presque, nous dit Esteban : "C’est un peu comme quand vous paramétrez une impression papier et qu’il faut définir si on veut imprimer en portrait ou en paysage, en noir et blanc ou en couleur. Là c’est pareil mais en 3D, donc il y a beaucoup plus de paramètres : la température, la vitesse d’impression, le refroidissement…"

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Esteban Coch lance les impressions depuis son ordinateur
Esteban Coch lance les impressions depuis son ordinateur
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

Les États-Unis, premier marché

Quelques finitions, puis les becs sont stockés ou emballés. Dans la salle juste à côté, on retrouve Luis Emiliano, qui s'occupe de la logistique et expédie les becs aux clients : "Quand je suis là, tous les becs qui partent passent par mes mains. On en envoie vraiment beaucoup aux États-Unis. En Israël aussi, et pas mal au Japon en ce moment. Le reste, la plupart du temps, c’est en Europe." Un peu plus de 80% de la production sont ainsi exportés.

Professionnel ou débutant, le musicien se présente aussi directement à la boutique de Syos. "Je lui crée son bec par rapport au son qu’il veut, au bec qu’il joue déjà et à la musique qu’il joue. Des fois le premier bec marche, des fois il faut en faire deux-trois avant d’atteindre le bec qui va bien", raconte Sylvie Leys, qui travaille au service client et à la fabrication sur-mesure de becs de saxophone. "À l’intérieur d’un bec, il y a trois parties importantes : l’ouverture, c'est-à-dire la distance entre le bout de l’anche et le bout du bec. Le plafond, qui va déterminer le son, et la taille de la chambre. Selon que le client cherche un son plus ou moins brillant ou plus ou moins mat, on va faire un mixe entre ces trois paramètres."

Des becs de toutes les couleurs, à géométrie variable
Des becs de toutes les couleurs, à géométrie variable
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

"Au début, tout le monde rigolait un peu"

L'aventure Syos a commencé en 2016. Une idée de Pauline Eveno, la présidente de la société : "Au début quand j’ai lancé Syos, tout le monde rigolait un peu, en disant 'c’est quoi, ces jouets en couleur'. Je n’avais pas envie de faire les choses comme tout le monde, copier des becs comme le font les autres marques. On est dans un milieu un peu vieillissant où tout le monde a toujours passé un peu son temps à se copier les uns les autres."

"Grâce à l’impression 3D, on est aussi capables de fabriquer des géométries plus complexes. La plupart des fabricants travaillent en usinage, qui reste moins flexible. On a un bec avec ce que l’on appelle des stries à l’intérieur, qui sont assez fines, difficiles à fabriquer autrement qu’avec l’impression 3D.  Ça permet de la puissance au son tout en gardant un son qui est plutôt mat" - Pauline Eveno

L'entreprise a commencé par les becs sur mesure, à la demande exclusivement, et imprime maintenant des produits un peu plus standardisés. Cela leur a aussi permis de baisser un peu les prix - entre 150 et 350 euros - et de rendre le bec plus accessible aux débutants. Pourquoi pas, maintenant, imprimer des pièces en 3D pour d'autres instruments. "Notre vision, c’est de pouvoir appliquer notre démarche scientifique et notre stratégie de marque et de communication à tout type d’instrument. Notre idée est de pouvoir aller travailler sur n’importe quel type d’instrument. Les guitares, les pianos, les trompettes…", égrène la fondatrice de Syos, ancienne chercheuse en acoustique.

"La personnalisation, être plus proche du client et de ses attentes, je pense que c’est l’avenir, et on le voit aussi dans d’autres milieux", poursuit-elle. Syos a réalisé l'an dernier son meilleur chiffre d'affaire : 1 million d'euros. Pas mal, pour la start-up devenue petite PME de treize salariés dont certains doutaient au départ.

Pauline Eveno, fondatrice de Syos, pose avec ses becs
Pauline Eveno, fondatrice de Syos, pose avec ses becs
© Radio France - Louis-Valentin Lopez
Musique & web
4 min

Programmation musicale

  • 08h07
    Septuor en Mi bémol Maj op 65 : Gavotte et Final - pour piano trompette 2 violons alto violoncelle et contrebasse
    Septuor en Mi bémol Maj op 65 : Gavotte et Final - pour piano trompette 2 violons alto violoncelle et contrebasse
    Camille Saint Saens (Compositeur)
    Septuor en Mi bémol Maj op 65 : Gavotte et Final - pour piano trompette 2 violons alto violoncelle et contrebasse

    Ensemble Nash, Ian Brown (Piano), Mark David (Trompette), Marianne Thorsen (Violon), David Adams (Violon), Lawrence Power (Alto (instrument)), Paul Watkins (Violoncelle), Duncan Mac Tier (Contrebasse)

    Album Camille Saint Saëns : Musique de chambre (2005)
    Label HYPERION (CDA67431/2)

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