"C'est comme notre seconde maison" : le Kiev City Ballet trouve refuge au Châtelet

Un studio a été mis à disposition des danseurs ukrainiens pour qu'ils puissent répéter
Un studio a été mis à disposition des danseurs ukrainiens pour qu'ils puissent répéter ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Un studio a été mis à disposition des danseurs ukrainiens pour qu'ils puissent répéter ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Un studio a été mis à disposition des danseurs ukrainiens pour qu'ils puissent répéter ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
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La troupe, accueillie en résidence au Théâtre du Châtelet, s'est produite ce mardi sur scène. Partout, les élans de solidarité des institutions culturelles envers les artistes ukrainiens se multiplient.

Alors que leur pays est ravagé par la guerre, les élans pour soutenir les artistes ukrainiens à l'étranger se multiplient. Lundi, le Théâtre de la Ville a lancé un appel pour une "nouvelle alliance des théâtres solidaires". Un exemple illustre déjà cette solidarité : celui du Kiev City Ballet. Trente-cinq danseurs sont accueillis depuis la semaine dernière en résidence au Théâtre du Châtelet, à Paris, sur proposition de la municipalité. La troupe était jusqu'ici en tournée en France. Elle s'est produite ce mardi soir, sur la scène de ce que certains appellent déjà "leur seconde maison". Applaudissements nourris puis le silence, l'émotion, alors que la troupe, accompagnée de danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris, s'exerce à la barre, reproduisant une classe de ballet sur la scène du Châtelet.

Mais c'est sous nos pieds, dans l'un des deux studios du théâtre, que la troupe a trouvé un pied à terre. La direction leur a donné les clefs et les danseurs peuvent venir y répéter à loisir. "Le Théâtre du Châtelet a été très généreux, il nous a aidé à obtenir tout ce dont nous avions besoin. Ils nous a aidé à trouver de quoi nous loger, a pris en charge nos déplacements, a mis à notre disposition des salles pour répéter, des vestiaires…", égrène Ekaterina Kozova, la directrice artistique de la troupe. "On nous fournit des pointes, des collants, des justaucorps… C’est un tel élan de générosité, nous sommes submergés, nous n’avons pas les mots."

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La troupe a accès à un studio du Châtelet pour répéter quand elle le souhaite
La troupe a accès à un studio du Châtelet pour répéter quand elle le souhaite
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

"Le ballet, c'est notre vie"

Submergés par les nouvelles, aussi. Celles de la guerre, angoissantes. Celles de leurs proches sur place, souvent rassurantes. Assis en tailleur sur le côté, Sacha a les yeux rivés sur son smartphone. "Être ici nous aide émotionnellement, physiquement, dit le jeune homme, cela nous aide à travailler quand on dispose d'un endroit si formidable". Olga, 35 ans, est elle aussi reconnaissante : "Le ballet, c’est notre vie. Nous passons énormément de temps pour devenir des ballerines, donc c’est une magnifique opportunité de pouvoir poursuivre notre activité professionnelle. Maintenant ici, c’est comme notre seconde maison, et nous sommes très reconnaissant pour l’invitation. En ce moment, après les représentations, nous pleurons souvent, mais nous sommes très touchés que les gens viennent voir nos performances."

La danseuse Olga Posternak, au premier plan, se dit très touchée par l'accueil du public français
La danseuse Olga Posternak, au premier plan, se dit très touchée par l'accueil du public français
© Radio France - Louis-Valentin Lopez

Il s'agit d'apporter un soutien "y compris d’un point de vue administratif", souligne Thomas Lauriot dit Prévost, le directeur du Théâtre du Châtelet : "Quand on vient en tournée et qu’on n’appartient pas aux Pays de l’Union européenne, on a besoin d’autorisations de travail, de visas, et donc il y a tout un accompagnement administratif de la compagnie. Au début il a été fait par le producteur de la tournée, mais il faut désormais prolonger tout ce travail permettant aux danseurs de rester très concrètement en France plus longtemps que ce qui était prévu au départ."

4 min

La solidarité, "une question d'humanisme"

Et la solidarité fait tâche d'huile. D'autres institutions s'engagent à aider les artistes ukrainiens : l'Opéra de Paris, le Théâtre des Champs Elysées... "Nous sommes déjà en train d'imaginer de faire venir le Kiev Ballet à Mulhouse, sans doute aussi à Strasbourg, construire un temps fort avec des artistes ukrainiens", nous indique Bruno Bouché, le directeur du Ballet du Rhin. "C'est une question d'humanisme. Quand on est directeur d'une institution on fait avec nos moyens, parce qu'on a quand même des moyens, qu'on doit mettre à disposition de ces gens-là qui sont hors de leur pays en guerre. Nous essayons d'imaginer ce que l'on peut en tant que solidarités."

Avec une pensée pour les confrères du Ballet de l'Opéra National d'Ukraine, sur place lorsque la guerre a éclaté. Bloqués, ils n'ont pas pu quitter le territoire. Pour défendre leur pays, certains danseurs ont d'ailleurs troqué leurs collants contre un treillis militaire. La compagnie doit venir se produire au Théâtre des Champs-Elysées à la fin de l'année. "Il faut voir dans quelle situation financière sera l’Opéra de Kiev, et s’ils ont besoin d’aide pour pouvoir effectuer cette tournée, nous serons prêts à les aider financièrement, nous sommes prêts à nous engager, à trouver des aides pour les soutenir", assure Michel Franck, le directeur général du TCE. "C’est le ballet le plus prestigieux, le plus emblématique, il était venu chez il y a trois ans. Ils avent remporté un énorme succès, c’était complet, les critiques étaient très bonnes. Nous feront tout pour les faire venir". En attendant, l'institution a de nouveau communiqué il y a quelques jours sur leur venue espérée, pour "les assurer de notre fidèle soutien, et de nos pensées."

L'invité du jour
33 min

Programmation musicale

  • 08h09
    Quatuor à cordes n°6 en Si bémol Maj op 18 n°6 : 3. Scherzo
    LUDWIG VAN BEETHOVEN (Compositeur)
    Quatuor à cordes n°6 en Si bémol Maj op 18 n°6 : 3. Scherzo

    , PIERRE COLOMBET, QUATUOR EBENE

L'équipe