L'ONF, par le biais de concerts partout sur le territoire, souhaite apporter la musique dans des villes où ne se produisent que rarement des formations symphoniques. Reportage dans le Berry.
Faire résonner la musique symphonique aux quatre coins de l'Hexagone. C'est l'objectif du "Grand Tour" de l'Orchestre National de France : plusieurs concerts donnés sur tout le territoire français, un voyage entamé fin septembre à Evian, qui passera par Compiègne, Arcachon, Perpignan... Ce lundi, l'ONF a posé ses valises à Bourges. Une formation réduite de trente-cinq musiciens, dirigés par la chef Ruth Reinhardt. Reportage.
Les musiciens descendent du TER accueillis par le soleil berrichon. Terre inconnue pour Aurélienne Brauner, violoncelle sur le dos : "Je ne connais pas du tout cette ville, c'est une grande nouveauté. Je pense en plus que c'est la première fois que l'orchestre vient jouer ici."
Maison de la culture flambant neuve
On dépose les valises à l'hôtel, puis direction la nouvelle maison de la culture. C'est là qu'aura lieu le concert. "On avait très envie depuis longtemps d'accueillir l'Orchestre National de France et d'autres grands orchestres éventuellement, et la possibilité ne nous en était pas offerte quand on travaillait dans l'ancienne salle, l'auditorium du conservatoire", raconte Olivier Altan, le directeur des lieux. "Cette nouvelle salle, cette grande salle avec plateau, nous permet aujourd'hui d'accueillir ces formations avec de grands orchestres, lyriques, qu'on ne pouvait pas accueillir avant."
"On n'a pas eu besoin de communiquer particulièrement autour de cet événement-là. Dans la presse et sur les réseaux bien-sûr, mais l'affiche est tellement belle que la salle de 700 places s'est remplie assez rapidement" - Olivier Altan
Et ce "Grand Tour", ce n'est pas un petit concert et puis s'en va. L'après-midi s'est tenu un dialogue entre deux pianistes, Guillaume Bellom et Ismaël Margain, en public. Un atelier pédagogique aussi. "On vient de préparer le public à écouter l'œuvre de Martinů en lui donnant quelques clés d'écoutes, quelques moyens de compréhension de la musique, pour la rendre parfois moins hermétique, pour qu'elle soit compréhensible par tous et pour tous", indique Marc-Olivier Donate, violoniste à l'ONF. Son collègue Gaëtan Biron abonde : "Il s'agit de montrer que la musique classique est tout sauf réservé à une élite, que c'est un langage qui peut plaire et toucher tout le monde, et que si on n'a pas forcément les codes, ce n'est pas pour autant qu'on est exclu de ce champ artistique et de ce langage."
"Aujourd'hui, on s'adapte à de nouvelles missions"
Et que pensent les musiciens de cette délocalisation ? "On avait plutôt l’habitude de faire plutôt des tournées internationales. Aujourd’hui, on s’adapte à de nouvelles missions, qui sont réfléchies, qui sont forcément nécessaires. Je trouve que c’est important pour nous aussi en tant qu’orchestre français, qui défend un certain répertoire et un certain niveau, d’amener ça partout en France. Et occasionnellement ça reste un plaisir, parce que c’est un beau pays", confie Sarah Nemtanu, violon solo de l'orchestre. "C’est dans notre mission. Amener ces concerts, qui restent parfois dans un cadre un peu trop parisiens, en province. Aller dans des salles peut-être moins prestigieuses, plus petites, dans des villes un peu moins accessibles", estime Ji-Hwan Park-Song, lui aussi violoniste à l'ONF.
Les spectateurs, qui font la queue à l'extérieur, trépignent. "Cela faisait très longtemps qu'on attendait de voir un orchestre symphonique à Bourges", dit l'un d'eux. "Je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre un orchestre symphonique. Ça change du printemps de Bourges, c'est un autre style !", lâche une jeune femme.
Diffuser la musique symphonique sur tout le territoire
Au programme, Martinů donc, concerto pour deux pianos et orchestre de Mozart, et le Carnaval des Animaux de Saint-Saëns, avec un texte déclamé par le comédien et humoriste Gaspard Proust. Le public est conquis, c'est l'objectif de ce "Grand Tour", nous dit Michel Orier, directeur de la musique et de la création à Radio France : "L'idée, c'est vraiment d'aller rendre aux Français toute cette part importante du répertoire qui est le nôtre et qu'on joue magnifiquement. Faire entendre toute cette musique dans des endroits qui ne sont pas dépourvus de musique pour autant, mais qui n'ont pas la chance d'avoir souvent la visite de grandes formations symphoniques de haut niveau. L'ambition est de pouvoir offrir des grandes pièces du répertoire."
"Bourges, c'est la première maison de la culture construite en France. C'est une oeuvre de décentralisation que l'on commence, d'ailleurs nous allons revenir en mai. Les formations symphoniques sont des grands effectifs, a priori plutôt dans les grandes villes. Je pense que c'est dans nos missions que d'aller régulièrement visiter les uns et les autres pour faire vivre cette musique là" - Michel Orier
Le lendemain matin sur le quai, petits yeux. Guillaume Bellom ne tire que du bon de cette escapade dans le Berry : "L'expérience Bourges était géniale. En plus on a le temps de visiter un peu le coeur de ville, qui est magnifique. La salle était super, le public aussi, on aimerait ça tous les soirs." Et pas le temps de souffler, c'est reparti pour un tour, direction Dijon.
Programmation musicale
- 08h09
Le Chant des oiseaux - pour ensemble vocal et instrumental Clément Janequin (Compositeur)Le Chant des oiseaux - pour ensemble vocal et instrumentalJean Tubery (Chef d'orchestre), La Fenice
Album Natura amorosa (2020)Label LIGIA DIGITAL (LID030134620)
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