

Les pianos de la marque américaine Steinway & sons sont omniprésents dans les salles de concerts et les enregistrements d’album. Un monopole qui, ces dernières années, est grignoté par l’essor des petites manufactures, de plus en plus qualitatives. Reportage de Lysiane Larbani.
Shani Diluka joue chez elle sur un piano à queue Yamaha C6 avec une mécanique de concert. Un cadeau de la marque japonaise qui l’accompagne depuis la fin de ses études au Conservatoire de Paris. Seulement, l’instrument a fait son temps et Shani Diluka songe à lui trouver un successeur. Elle hésite entre deux marques : un modèle du très connu Américain, Steinway & Sons, ou bien de son historique concurrent, l’Allemand C. Bechstein. Elle nous explique les qualité des deux, deux manufactures tout à fait différentes dans le son : « Je dirais que le Steinway, c’est plutôt du chatoiement, du scintillement, explique Shani Diluka. Avec le Bechstein, je pense à Grieg, à Schubert. On entre peut être dans des choses plus intimes, plus profondes. Je dirais que c’est comme les grands vins : un grand Bourgogne nous donne des sensations vraiment profondes et fortes, tandis que les grands Bordeaux sont complètement différent ».
La Ferrari des pianos
Steinway, c’est un peu la Ferrari des piano, ajoute la pianiste. Des instruments sublimes, très réactifs, sonores, parfaits pour les concertos. Son piano à queue D-274, grande bête noire de 500 kilos s’impose sur 95 % des scènes internationales. Mais ces dernières années, d’autres manufactures sont venues grignoter son monopole dans les salles, C. Bechtein, mais aussi Blüthner, Fazioli, ou encore Steingraeber & Söhne.
A Bordeaux, le pianiste Ivan Ilic travaille sur un Shigeru Kawai. Il estime que la multiplicité des pianos n’apporte que des bénéfices pour les interprètes. « Ca a éveillé ma curiosité et l’ouïe, mon ressenti à l’instrument, détaille-t-il. J’avais toujours été fier avant de pouvoir m’adapter facilement à une salle, à un piano, puisque que ça fait partie du jeu d’un pianiste. Mais au moment où vous commencez à vous concentrer sur l’instrument et ses particularités, vous développez des réflexes différents, vous devenez encore plus sensible à l’adaptation. »
Les jeunes pianistes plus audacieux
Les artisans présents sur les festivals contribuent largement à l’essor de ces manufactures. Denjis de Winter, accordeur historique du Festival de piano de La Roque-d’Anthéron, propose chaque matin sept pianos différents aux concertistes. Selon lui, les jeunes pianistes sont les plus audacieux dans le choix de leurs instruments. « Ils veulent se différencier dans leur jeu et leur interprétation. L’instrument peut les aider à ça. Lors d’un concert, le pianiste se met face à un piano devant 2 000 personnes. Il a dans idée de leur faire découvrir de nouveau la pièce » Avant d'ajouter : « Il y a trente ans, je travaillais pour les 12 pianistes du monde, aujourd’hui il y en a plus de 200. »
Lysiane Larbani
Programmation musicale
- 08h07
Il trovatore : Tu vedrai che amore in terra (Acte IV) Air de Leonora GIUSEPPE VERDI (Compositeur)Il trovatore : Tu vedrai che amore in terra (Acte IV) Air de Leonora, GIANANDREA NOSEDA (Chef d'orchestre), ANNA NETREBKO, CHOEUR DU TEATRO REGIO DE TURIN (Chœur), ORCHESTRE DU TEATRO REGIO DE TURIN
Album Anna Netrebko interprète Verdi (2013)Label DEUTSCHE GRAMMOPHON (477 1052)
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