La semaine dernière, au théâtre de Caen, Sébastien Daucé et son ensemble Correspondances ont ressuscité Cupid and Death, un "mask" anglais. Ce genre hybride du XVIIe qui mêle le chant et la comédie, va du burlesque au sérieux.
« Ce que vous allez voir ce soir est une pièce musicale, mais ce n’est pas de l’opéra ». Dès le début de Cupid and Death, le ton est donné. On sait, ou plutôt on ne sait pas ce que l’on s’apprête à voir. Décors, théâtre, musique, tous les ingrédients de l’opéra sont là, et pourtant le résultat est différent. C’est ce qui plait à Sébastien Daucé, à la tête de l’Ensemble Correspondances, qui nous présente ce genre particulier : « C’est d’abord une comédie, du théâtre, mais contrairement à ce que pouvaient faire Lully et Molière dans leur assortiment théâtre et musique, le résultat qu’obtiennent les anglais avec le mask est totalement différent. Donc la forme m’intéressait beaucoup, et il n’existe qu’un seul mask dont on a toute la musique et tout le livret. Donc finalement ce choix s’est imposé de lui-même ».
Tout le monde participe à tout
Ce mask, c’est Cupid and Death. Il raconte l’histoire du Cupidon et de la Mort, dont les flèches ont été échangées dans une taverne. À la suite de cet échange, les amoureux transits meurent et le cœur des personnes âgées s’enflamme. Le tout dans une mise en scène très dynamique où tout le monde met la main à la pâte, comme la mezzo soprano Lucile Richardot : « Qu’on soit instrumentiste, chanteur, comédien, technicien, tout le monde participe à tout. On a même un régisseur plateau qui se retrouve à faire de la figuration, le pauvre, au péril de sa vie et de sa colonne vertébrale. On est tous un peu manutentionnaire des lumières qui se promènent sur le plateau, et puis les instrumentistes font des interventions comiques, des ombres chinoises … C'est un spectacle très interprofessionnel. »
Un vertige
Aux manettes de la mise en scène, on retrouve un duo, Emily Wilson et Jos Houben. C'est eux qui ont décidé de faire vivre et évoluer sur scène toute une troupe de comédiens, musiciens, chanteurs, et techniciens. « C’était intense comme travail, c’était un énorme pari, un challenge d’imaginer comment cette drôle de chose pourrait arriver sur scène. Mais ça nous intéresse toujours les challenges, on adore ça », confie Emily Wilson. À ses côtés, Jos Houben acquiesce : « C’était un vertige, parce qu’ils sont nombreux, et des fois je me disais ‘il y a trop de monde sur scène, la scénographie disparait.' Nous sommes passés par toutes sortes de paniques, mais on a en nous une certaine confiance, et dès le premier jour de la création on a été très content parce qu’on s’est bien trouvé. »
Si vous voulez voir Cupidon inspiration Tim Burton, des singes en carton, entendre des chœurs de 10 secondes, le tout dans une scénographie de boite mobile, le spectacle sera donné au Théâtre de l’Athénée à Paris à partir de ce jeudi, et sera ensuite en tournée dans toute la France.
L'équipe
- Production
- Autre