Alors que le record du nombre de fermetures de classes est sans cesse battu, difficile pour les scolaires d'organiser des séances d'éveil musical. Les institutions ou associations parviennent tout de même à maintenir des rencontres, contre vent et marée. Reportage de Martin Delacoux.
Les quatre classes des écoles Jules Ferry et Madelaine Odru rentre une par une dans la salle de cinéma. Ils vont assister à un concert d’Amadou et Mariam, venu lancer La Cité des marmots , projet créé en 2008 par l’association Villes des musiques du monde en partenariat avec l’Education National.
Alors que les derniers tests techniques sont effectués, chaque classe s’installe loin des autres. Une rangée de sièges libres les sépare. Avec de nombreux cas positifs la semaine dernière, certains enseignants ont bien cru qu’ils ne pourraient pas venir. Finalement, tous les élèves sont là et entonnent en coeur les paroles apprises en classe. « L'épidémie ça nous a fait du mal, ça nous a beaucoup bloqué, mais retrouver les enfants aujourd'hui, ça m'a fait plaisir. Sinon c'était dur. C'était très, très dur pour nous, déclare la chanteuse Mariam.
« Dès que ça leur prend ils chantent ils dansent, c'est bon ! »
Les élèves sont joyeux, heureux d’être là. Amadou et Mariam aussi. Les deux musiciens sont persuadés du bénéfice de ce genre de séance, comme l'explique Amadou : « Ca nous donne une motivation parce que nous aussi, nous avons commencé la musique très très jeune, donc c'est bon, les enfants et nous sommes bien chauds ou inconditionnels. Dès que ça leur prend ils chantent ils dansent, c'est bon ! »
En 2020 et en 2021 les grands concerts qui doivent clôturer la Cité des marmots n’avaient pas pu se tenir. En le programmant fin juin et en extérieur, les organisateurs espèrent bien aller jusqu’au bout cette année.
« C'est difficile pour la continuité pédagogique, mais en même temps, c'est une espèce d'enjeu »
Dans d’autres ateliers c’est surtout le nombre d’élèves présents à la prochaine séance qui inquiète. L’Opéra de Lille est en train de monter un grand projet lyrique, une chorale à 9 voix qui doit monter sur scène fin mars, avec 350 enfants au total. Mais les ateliers sont souvent à moitié rempli en raison du Covid. Brigitte Rose, responsable pédagogique, parvient malgré tout à s’adapter. « C'est difficile pour la continuité pédagogique, mais en même temps, c'est une espèce d'enjeu et je dirais même un peu l'excitation d'arriver à toujours trouver la motivation et l'envie. J'essaie vraiment de rajouter quelque chose de nouveau à chaque fois pour que ceux qui ont été là une fois le redécouvrent d'une autre façon la même chose la fois d'après, pour qu'ils ne se lassent pas et que les autres soient bien impliqués ».
A Paris, au sein de la Philharmonie des enfants, le problème des annulations se pose différemment. Mathilde Michel-Lambert, est la directrice générale de cet espace qui peut accueillir 3 voire 4 classes habituellement. Depuis le retour des vacances de Noël, Ces classes annulent régulièrement. « On a un lieu qui est souvent utilisé par une seule classe à la fois. Ce qui, je crois, est confortable aussi pour les professeurs des écoles. Et puis, on est davantage souple dans la période actuelle, sur la durée de la visite. On accueille volontiers un tout petit peu plus longtemps les classes pour qu'elles profitent du lieu, » explique Mathilde Michel-Lambert.
Chaque établissement fait donc face à sa manière, avec toujours comme objectif d’amener la musique au plus grand nombre malgré les jauges ou les cas positifs.
L'équipe
- Production