Nicolas Frize transforme un lycée de Saint-Denis en lieu de création musicale

Alors que la plupart des élèves s’apprêtent à aller manger, un groupe rejoint l’amphithéâtre. De midi à treize heures, ils vont répéter une pièce créée dans le cadre d’Essaimées, projet artistique monté par Nicolas Frize dans le cadre de sa résidence au sein de l’établissement. Il présente sa démarche : « J’avais envie de transformer un lycée en lieu de concert. Je rêve que ce lieu fermé soit ouvert, et que toute la ville puisse y rentrer. La deuxième chose, c’est que les lycéens ont tendance  à apprendre uniquement pour passer le bac, ils ne profitent pas assez des matières qu'on leur enseigne. Donc j’avais envie de leur expliquer que tout ce qu’ils apprennent est extrêmement porteur sur un plan sensible, intellectuel, artistique. Et qu’il faut s’emparer de ces matières pour en faire de la création »

Une élève pose une question en lingala, une autre répond en roumain

Dans cette création, les élèves échangent dans des langues différentes, arabe, roumain, portugais, lingala, sans se comprendre. C’est en assistant et en participant à des cours d’histoire géographie dans une classe de  1ere que Nicolas Frize a eu l’idée de cette pièce, comme le raconte la professeure Camille Taillefer : « Ce ne sont que des élèves qui ont choisi la spécialité histoire-géo, géopolitique, science-politique. Dans leur programme, il y le thème des frontières, et on travaille sur les langues et les langues étrangères. On a compté 24 langues qui sont parlées dans cette classe, donc c’était un support pour travailler avec Nicolas, sur la question de frontières et la question de puissance au travers des langues. »

« On a l’impression que ce sont plusieurs pays qui se rencontrent et qui se comprennent. »

Près d’une dizaine d’élèves participent à la création scénique liée à cette thématique. Parmi eux et elles, il y a Lucie-Rose qui parle portugais, italien, espagnol et lingala dans le spectacle et Nawel qui parle l’arabe. « Je parle l’arabe depuis toute petite et c’était une opportunité de parler ma langue et de la faire découvrir aux autres, parce qu’on ne la parle que dans mon village », raconte cette dernière. « Pendant le spectacle je peux dire que ma mère est belle, et Nawel me répond qu'elle aimerait bien s’acheter un pantalon et un autre répond que lui aussi préfère les repas sucrés. Parce que le but ce n’est pas de se comprendre, mais de faire comprendre aux autres que malgré nos différentes langues, on peut vivre ensemble. », ajoute Lucie-Rose, avant que n'acquiesce Nawel, « ça concerne aussi la politique, vu qu’on a l’impression que c’est plusieurs pays qui se rencontrent et qui se comprennent. »

Pour découvrir ce dialogue imaginaire et les autres créations, montées à partir des cours d’EPS, des sciences de la vie, ou de philosophie, rendez-vous les 13, 14 et 15 mai dans tout le lycée, de la cafétéria, au gymnase.