Du 24 août au 6 septembre, huit spectacles du festival Off d’Avignon sont joués en plein air à Paris, dans des cours et jardins. Parmi eux, « Callas, il était une voix », dans la Cour de la Mairie du 1er arrondissement.
- Clément Buzalka Journaliste
De l'esplanade du Palais des Papes à la cour de la mairie du 1er arrondissement. Callas, Il était une voix fait partie des huit spectacles sélectionnés par la mairie de Paris et le Théâtre de la Ville pour être présenté par le festival Paris l’été. 8 sur les 1 500 que comptait le Off d’Avignon c'est peu, mais c'est un signal fort pour le milieu du spectacle vivant.
Pour Cyril Le Grix, metteur en scène de la pièce, il était tout simplement vital de remonter sur les planches : « C'est essentiel de garder ce lien. C'est essentiel d'échanger avec les gens après le spectacle. C'est essentiel de pouvoir initier les gens à l'opéra, ou à autre chose, car il y a plusieurs choses dans ce festival. » Et ce « malgré le masque, malgré toutes les contraintes. Tant qu'on peut rester vivants, restons vivants et sur le pont ».
« On a prédit la mort du théâtre des tas de fois »
Faire attention à ne pas s'habituer à vivre sans spectacle vivant, c’est le mot d'ordre du directeur du festival Off d'Avignon, Pierre Beffeyte. Les mesures qui ont bouleversé ses productions ne lui font pas peur. Au contraire, il se sert de ces contraintes pour modeler une nouvelle vie à l'art théâtral : « On a prédit la mort du théâtre des tas de fois. Au moment de la diffusion du cinéma, de la diffusion des séries, d'internet. En fait, on s'aperçoit que le théâtre résiste à tout ça, et je pense qu'il résistera au Covid comme au reste parce que c'est un art indispensable. Et c'est un art qui est capable de s'adapter. C'est ce qu'on voit dans ce festival. On s'aperçoit qu'il n'y a pas forcément besoin de décor ni de lumière. il y a besoin d'un texte, d'artistes capables de le dire et de le faire vivre. Et à partir de là, le théâtre existe et il peut exister n'importe où. »
Une chasse aux trésors du spectacle vivant
Partout, y compris dans des lieux très loin de la création artistique. D'un parc à une mairie, en passant par les locaux de Paris-habitat. Ce festival est une vraie balade, ou plutôt une chasse aux trésors du spectacle vivant à travers la capitale. « C'est intéressant parce que les gens peuvent aller de l'un à l'autre dans la journée. On s'est organisés pur qu'ils puissent voir jusqu'à trois spectacles par jour. Donc c'est un petit peu l'ambiance d'Avignon. »
Du côté des acteurs, on ne fait pas attention au parterre clairsemé devant la scène. Au contraire, pour Thibaut Corion, qui interprète le personnage principal de cette scène, journaliste à France Musique chargé de couvrir la mort de Maria Callas. Lui mesure la chance qu'il a d'être ici, devant le public : « Vraiment, la situation est compliquée. Pour tous les artistes aujourd'hui, ce n'est pas seulement l'année blanche dont on a parlé, ça va être encore sur un an compliqué. On a la chance de pouvoir jouer, de pouvoir défendre ce spectacle. Il y a beaucoup de personnes qui n'ont pas cette chance là. On joue une pièce dramatique et la situation d'être dramatique aussi. »
À Paris, les notes de Casta Diva comme point d'orgue de ce spectacle consacrée à la Callas, mais aussi comme lueur d'espoir pour le monde de la culture écorché à vif par la crise. Mais qui l'a promis, ne se laissera pas mourir.
Un reportage de Clément Buzalka