A Nancy, les metteurs en scène se confrontent à l'Opéra

Sur le plateau de l’Opéra national de Lorraine, à Nancy, une dizaine de personnes marche, se croise, tout en émettant des bruits. Cet échauffement réunit les 8 metteurs en scène et les 4 chanteuses qui participent au chantier nomade L’ opéra contrainte et liberté. Il est dirigé par l'acteur et metteur scène Jean-Yves Ruf, qui nous explique comment lui est venue cette envie : 

« On a fait deux stages avec la structure les Chantiers Nomades et Jean-François Sivadier__, uniquement avec des chanteurs. L’Opéra national de Lorraine nous a ensuite dit qu’il aimerait bien qu’on en fasse un ici, mais qu’on intègre la question de la mise en scène d’opéra. Ça permet de donner des envies et que l’art de l’opéra soit mieux connu et mieux apprécié par les metteurs en scène qui viennent du théâtre. »

Au cœur du stage, l'expérimentation 

Cet après-midi là, Sarah Gerber, metteuse en scène, travaille avec les chanteuses Cécile Achille et Marie Ronot, la scène de l’Air de la folie d’Ophélie dans Hamlet d’Ambroise Thomas. Venue du théâtre, elle avait trouvé la veille sa première séance de travail laborieuse. Rien à voir avec celle d’aujourd’hui, dont elle est sortie plutôt satisfaite. « J’avais tendance à me dire que j’allais faire du théâtre dans les interstices de la musique. Or en fait, ce n’est pas exactement ça la mise en scène d’opéra manifestement. Et donc j’étais très contente de pouvoir expérimenter avec les chanteuses, qui  ont été très généreuses. J’ai trouvé ça super d’avoir deux interprètes, Marie qui se prête à l’exercice de la confidente qui n’existe pas dans la pièce, et Cécile qui a accepté de courir, de se prêter au jeu de l’expérimentation qui pour moi est au centre de ce chantier. » 

Sur le plateau, la chanteuse Cécile Achille a donc couru, cueilli des fleurs imaginaires et effacé de son visage un sourire dont ne voulait pas la metteuse en scène. Explorer son jeu c’est justement ce que la soprano est venue chercher dans ce stage :  «  Ce qui est super c’est ce Sarah a d’emblée proposé de me mettre en mouvement et de façon un peu radicale. Elle m’a fait courir, ce qui fait parfois peur aux chanteurs, mais en fait ça a beaucoup libéré mon corps, ce qui était très intéressant. Et puis elle m’a aidée à aller vers des choses plus proches de moi et donc en fait plus concrètes ce qui est toujours plus juste pour le spectateur. »

Chaque séance se termine par une discussion entre les participants et participantes, et les retours de Jean-Yves Ruf. Et à 17h, les portes du théâtre s’ouvrent pour permettre aux spectateurs d’assister à ces séances de travail, et observer un processus rarement partagé avec le public.