Tendez l'oreille ! La folie de Robert Schumann... oui... mais encore ?

Petite chronique enrhumée en forme de plaidoyer : ne pas se satisfaire de la biographie d'un compositeur pour apprécier son oeuvre, ce qui peut éviter les habituels : "en 1854, il ne lui restait plus que quinze ans à vivre, ce qui explique la tonalité particulièrement tragique de cette symphonie", et autres "cette pièce a été composée en majeur parce qu'il était dans une période heureuse de sa vie." 

A l'écoute de Gesänge der Frühe ("Chants de l'aube") : douze minutes curieuses pour piano, composées quelques heures avant la tentative de suicide par noyade de Robert Schumann. 

Peu joués, ces Chants sont malheureusement victimes de notre vision peut-être un peu sensationnaliste de Schumann en compositeur fou. Le danger est de ne voir dans ces Chants que la détresse mentale du compositeur. ..... Et s'il ne s'agissait pas du tout de cela ? Et s'il ne s'agissait que de la géniale peinture de nos sentiments lorsque nous sommes face à la lumière de l'aube ? Tendez l'oreille ! (cliquez sur le bouton play)

Nota bene

• Heureusement, de nos jours, la médiation culturelle ne se fait plus uniquement par la biographie du compositeur.
• Heureusement, de nos jours, la musique de Schumann est appréciée en tant que telle, et est de moins en moins "vendue" comme de la musique issue d'un cerveau névrosé et mystérieux.
• L'attention donnée à la biographie est vertueuse, d'une certaine façon : il s'agit de chercher dans la vie du compositeur et de fournir au public d'autres preuves de génie, plus immédiatement compréhensibles que ce que l'on peut trouver dans la partition (paramètres musicaux, certes, mais qui ne sont pas forcément accessibles à tous).