ou "vérification des faits" en français (le terme anglais est uniquement utilisé ici pour sa concision et pour parodier l'exercice journalistique). "Amadeus", d'après la pièce de Peter Shaffer, ou : comment traîner dans la boue Antonio Salieri, un compositeur qui n'a rien demandé...
La pièce Amadeus de Peter Schaffer et son adaptation au cinéma par Miloš Forman en 1984 ont un étrange mérite : mettre devant les yeux de tous un visage et une personnalité à Wolfgang Amadeus Mozart, incarnation haute en couleur par Tom Hulce, plus grande que nature de sa correspondance et des témoignage ; et mettre Antonio Salieri sur un bien étrange piédestal : en tant que compositeur jaloux et meurtrier. Etrange mérite puisque cette pièce perpétue ce mythe négatif (d'abord écrit par Pouchkine dans Mozart et Salieri en 1832)... tout en contribuant à maintenir le nom d'Antonio Salieri dans les esprits.
Question : vaut-il mieux être connu pour un crime que nous n'avons pas commis et ainsi quand même se conserver une place au Panthéon, ou être un peu oublié mais respecté en tant que compositeur de cour tout à fait honorable ?
Petite liste non exhaustive (facétieuse et ingrate ! il s'agit d'une fiction, et non d'un documentaire !) de vérités et d'inventions dans le film Amadeus :
- Antonio Salieri n'a pas tué Wolfgang Amadeus Mozart... et n'a pas conspiré pour empêcher la production des Noces de Figaro
- Il y avait bien des querelles esthétiques entre le style italien sur le déclin et le style viennois en pleine construction (autour de la forme du singspiel)
- Il y a bien eu un problème soulevé par la présence d'un balletto dansé dans Les Noces de Figaro. La production du film a fait le choix (ou l'erreur) d'imaginer une scène de danseurs sans musique (quand l'interdiction concernait bien la danse, non la musique). Malheureusement, la scène des Noces choisie par le film et qui devait être censurée par Joseph II n'est pas la bonne : censurer cette scène, comme prévu par le film, n'aurait eu en réalité aucun impact sur la trame de l'opéra.
- Mozart et Salieri sont montrés en train de diriger... avec une gestique trop moderne. Il est d'ailleurs plus probable qu'ils devaient, en situation d'opéra, diriger depuis le clavier.
- Il y a bien eu un commanditaire mystérieux et anonyme du Requiem : le comte Franz von Walsegg.
- Plusieurs problèmes dans la scène des parodies par Mozart au clavier : Haendel, Gluck et Salieri étaient en réalité bien appréciés par Mozart. De plus, la mise en scène montre le public reconnaissant bien Bach... ce qui à cette époque était peu probable. Bach était étudié par les compositeurs mais n'était plus trop joué dans la Vienne à la fin du XVIIIe siècle.
- L'usage du mot "turc" est anachronique.
- Salieri promet qu'il n'a jamais touché la chanteuse Catarina Cavalieri (faux !)
- Mozart n'a probablement pas été enterré en fosse commune (l'usage s'était perdu en cette deuxième partie du XVIIIe siècle à Vienne) mais plutôt dans une tombe d'indigent non renseignée.
N'hésitez pas à compléter la liste (ou l'infirmer !) en envoyant un message sur l'onglet contactez-nous en haut de cette page. Nous prenons les suggestions et nos musicologues et historiens les examineront pour modifier la liste.
Le problème de ce film est que : outre sa dimension extrêmement divertissante (et en réalité informative et profonde)... il est trop réaliste ! A l'instar de l'adaptation cinématographique de Tous les Matins du Monde par Alain Corneau, Amadeus se place (bien involontairement) en position de document historique de référence auprès d'un large public. Rectifions donc : écoutons du Salieri !
Programmation musicale
- 10h41
Concerto en ut maj k 299 : andantino - pour flute, harpe et orchestre Wolfgang Amadeus Mozart (Compositeur)Concerto en ut maj k 299 : andantino - pour flute, harpe et orchestreHermann Scherchen (Chef d'orchestre), Lily Laskine (Harpe), Roger Bourdin (Flûte traversière), Orchestre Du Theatre Des Champs-Elysees
Album Hermann Scherchen dirige Mozart (1995)Label TAHRA (TAH 154)
L'équipe
- Production