Don Quichotte de Richard Strauss

Le Don Quichotte de Richard Strauss. Rostropovich, Karajan, Orchestre Philharmonique de Berlin : le thème.

La première idée réside dans le paradoxe de la forme. Dans ce poème symphonique composé en 1897, Strauss prend le parti d’organiser le récit - donc une histoire qui avance dans le temps, celle de Don Quichotte -, sur une forme non linéaire, mais répétitive : le thème varié ! Ce paradoxe formel fait un peu penser aux dessins de Esher, avec ses escaliers qui montent perpétuellement… Dans les formes paradoxales que l’on peut rencontrer dans la musique savante on peut citer le canon par ton ascendant de l’Offrande musicale de Bach : chaque retour du thème se fait sur un degré plus haut de la gamme. Où va s’arrêter la montée ? En voici la première marche…

Ensuite vient l'orchestration hallucinante de ce Don Quichotte. Sur ce plan, cette œuvre est pour moi l’une des plus virtuoses de tout le répertoire symphonique. Et à plusieurs titres : avec l’incarnation de chaque héros par un instrument. Don Quichotte, par le violoncelle et Sancho Panza par l’alto. C’est donc à la fois une forme concertante par la position soliste des instruments incarnant les héros et une œuvre symphonique à l’effectif orchestral considérable. Et cette pièce nous emporte dans un vrai délire de musique descriptive ! On peut y voir l’origine de toutes les musiques de films, comme par exemple la variation VII, le voyage de Don Quichotte dans les airs.

Ou encore des scènes aux couleurs phénoménales telles que la variation 2 consacrée à la bataille contre les moutons :

Pour finir, la fascination des compositeurs pour le héros de Cervantes. De nombreux compositeurs s’en sont inspiré à travers les siècles. Parmi les plus belles adaptations, je me limiterai à l’opéra de Purcell et aux merveilleuses mélodies de Ravel, intitulées Don Quichotte à Dulcinée. Par José van Dam, Pierre Boulez, l’orchestre de la BBC, retrouvons La Chanson romanesque :