Jeux d'enfants de Georges Bizet, un chef-d'oeuvre trop méconnu

Commençons par le début de La Marche interprétée par Katia et Marielle Labèque :

La première idée est l’extraordinaire invention mélodique de Bizet. Dans cet ensemble de courtes pièces pour piano à 4 mains composée en 1871, on trouve une mine de thèmes mélodiques aussi imaginatifs qu’irrésistibles ! Contrairement à beaucoup de ses contemporains dont les vieilleries nous saoulent encore (je ne citerai aucun de ces compositeurs au risque de décevoir votre curiosité…), les trouvailles mélodiques de Bizet restent à tout jamais modernes. Comme par exemple La toupie :

Deuxièmement vient la beauté de l’orchestration de ces pièces. Bizet en a en effet orchestré quelques-unes et son instrumentation est époustouflante : mozartienne dans l’esprit, tout y est clair, évident. Mais elle est aussi audacieuse dans le mélange des timbres et l’utilisation subtile de la percussion entre autres. De mon point de vue, ces pièces ont en germe les chefs-d’œuvre pour orchestre du 20ème siècle.  Si vous voulez tout apprendre sur l’orchestre, plongez-vous dans ces merveilles !  Voici le début de cette même toupie, par Bernard Haitink et l’Orchestre du Concertgebouw.

Enfin, abordons le rapport à l’enfance. Bizet sait retrouver les chemins de l’enfance, de façon heureuse. Et de mon point de vue, ces pièces tantôt joyeuses, mélancoliques et toujours d’une grande pureté, constituent une autre facette, fascinante de la personnalité du compositeur de Carmen. Mais il ne sera pas le seul à composer sur ce thème de l’enfance : de nombreux compositeurs de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème le suivent dans cette voie. En 1898, Gabriel Fauré, nous enchante avec Mi-A-Ou de Dolly.

Et en 1925, Ravel nous entraîne dans un autre univers dramatique et psychologique autour de la figure de l’enfant, avec L’enfant et les sortilèges.  Et il y est encore question de chats… avec le duo miaulé.