L'exotisme vu par le baroque

La première idée est le triomphe du rondeau. Sans se vautrer dans un jeu de mots éculé, il ne s’agit pas seulement de Jean Rondeau comme magnifique interprète, mais le rondeau en tant que forme poétique et musicale. D’après ma grande amie, l’encyclopédie Grove, la forme en est stabilisée dès le 13ème siècle ! Elle s’organise simplement autour du refrain et du couplet. C’est donc l’un des archétypes les courants de la musique, de la fin du Moyen Age à la chanson actuelle.  Le rondeau, « e.a.u », deviendra le rondo, « o ». Et pour notre plus grand plaisir voici le délicieux rondo K382 de Mozart pour piano et orchestre. Le thème est d’abord exposé à l’orchestre :

Rameau fait de nous de grands obsessionnels : ce thème par son rythme et sa mélodie se fixe dans notre mémoire de telle sorte qu’il est impossible à oublier !

La seconde idée est le paradoxe de ces sauvages si civilisés… Cette musique censée dépeindre la sauvagerie de peuples non éduqués à l’occidentale est en fait la quintessence de l’art musical européen ! On peut d’ailleurs trouver ce paradoxe dans la littérature, notamment chez Voltaire…  Voici un extrait des Incas du Pérou des Indes Galantes de Rameau qui commence par une mélodie singulièrement exotique.

Enfin, dernière idée :  : Rameau arrangeur de sa propre musique ! Le même rondeau dans une sublime version avec voix, intitulée Forêts paisibles.

Et pour illustrer la dimension universelle de cette musique retrouvons le magnifique pianiste Grigory Sokolov en bis à la Philharmonie de Berlin :