Le renard de Stravinsky

En voici le début de l’introduction instrumentale en forme de marche, rondement menée par Pierre Boulez et l’orchestre du Domaine musical :

La première idée est en effet la puissance du rythme qui se dégage de cette fable. Composé en 1916 -1917 pour quatre chanteurs et 17 instrumentistes, Renard est un ballet. Et les chanteurs sont d’ailleurs supposés chanter de la fosse d’orchestre.  Alors, dans cette pièce comment Stravinsky arrive-t-il à concilier vocalité et énergie rythmique ? Par le burlesque. Dans cette histoire les animaux sont doués de parole et ils chantent. Cela permet au compositeur de nombreux effets caricaturaux par le rythme et la prosodie du langage. Par exemple, quand le coq chante « kouda, kouda, kouda ? », « où ça, où ça, où ça ? » :

Deuxièmement, parlons de l’amour de Stravinsky pour la voix. Fils d’un chanteur d’opéra, il a composé de sublimes œuvres avec voix, tel que Noces, la Symphonie de Psaumes ou son opéra The Rake’s Progress. De cet opéra écoutons le début de l’émouvante berceuse d’Anne Trulove :

La dernière idée concerne l’instrumentation de Renard.  Stravinsky aime le grand orchestre mais il aime aussi associer la voix à des ensembles plus restreints. Par exemple L’Histoire du Soldat avec les voix parlées et Noces avec 4 chanteurs solistes, chœur, 6 percussionnistes et 4 pianos.  Dans Noces, nous sommes loin du burlesque, mais toujours avec la même énergie rythmique cette fois-ci dans l’expression dramatique. Le mélange des timbres est saisissant : les sons à la fois frappés et résonnant des pianos et des percussions :

On sait combien Pierre Boulez aimait la fin de Noces. Éclat s’inscrit directement dans cette magnifique virtuosité d’écriture pour un ensemble de 15 musiciens.