Syrinx, la flûte seule de Claude Debussy

Mosaïque de Triton jouant de la flûte de Pan (IV-Ve siècle)
Mosaïque de Triton jouant de la flûte de Pan (IV-Ve siècle) ©Getty - Chris Hellier
Mosaïque de Triton jouant de la flûte de Pan (IV-Ve siècle) ©Getty - Chris Hellier
Mosaïque de Triton jouant de la flûte de Pan (IV-Ve siècle) ©Getty - Chris Hellier
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Comment s'échapper du classicisme et du romantisme ? Syrinx ou la magie de Debussy à nous emporter dans d'autres mondes, avec pour tout bagage, une flûte seule.

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La première idée à propos de cette oeuvre est la fascination de Debussy pour la mythologie grecque. Ovide nous raconte l’histoire de Syrinx : le dieu Pan, amoureux de la nymphe la poursuivait. Mais pour lui échapper, car elle ne l'aimait pas, elle se changea en roseaux. En son souvenir, le malheureux Pan coupa une brassée de roseaux et les assembla pour fabriquer une flûte, la flûte de pan.

D’un point de vue musical ce retour à la mythologie est particulièrement intéressant : on n’est plus du tout dans le péplum du 19ème siècle ! Rien à voir avec Les Troyens de Berlioz ou La Médée de Cherubini ! On a le sentiment que l’intérêt de Debussy pour la mythologie comme sa fascination pour l’Orient lui permet de s’échapper à la fois du Classicisme et du Romantisme.  Il construit et façonne son propre exotisme. Stravinsky prendra des chemins de traverse un peu comparable : Debussy écrit Syrinx en 1913, la même année que la création du Sacre du Printemps de Stravinsky. Pour l’anecdote les premières notes du Sacre s’organisent en un même mélisme que le début de Syrinx.

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La deuxième idée a été développée par le linguiste et musicologue Nicolas Ruwet. Il s’agit de la duplication chez Debussy, c’est-à-dire comment le compositeur aime répéter une cellule mélodique, une suite d’accords ou toute autre idée musicale. Les travaux de Nicolas Ruwet sont trop peu connus. Musicien de formation, il s’est orienté vers la linguistique et a écrit de très beaux textes sur la musique. L’article auquel je fais référence date de 1962 et se trouve dans un formidable recueil Langage, musique et poésie édité au Seuil.

Autre exemple de duplication chez Debussy, le début de Nuages, extrait des Nocturnes. Abbado, Orchestre Philharmonique de Berlin :

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La troisième et dernière idée est le défi d'écrire pour flûte seule. Bien des compositeurs aimant la polyphonie comme Debussy et dont l’œuvre d’orchestre est extraordinaire, ont eu envie de composer pour l’instrument en apparence monodique. En apparence, car la magie des sons permet de créer l’illusion de la polyphonie avec une seule ligne mélodique. Debussy n’est évidemment pas le premier. Il en existe de multiples exemples à la période baroque, et notamment l’unique sonate de Bach. En voici la Courante :

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