La toccata pour piano de Prokofiev, dans le plaisir de la virtuosité instrumentale

Premièrement : la toccata, une forme singulière. Ma fidèle compagne, l’encyclopédie Grove, pour une fois, peine un peu à en donner une définition claire… Sans s’aventurer outre mesure, on peut cependant en dire deux choses de la Toccata :
- Le mot vient de l’italien, toccare, toucher. Cela suppose donc que la toccata glorifie le plaisir du jeu instrumental.
- Par ailleurs, du 15ème au 20ème siècle, elle prend les formes les plus diverses, plutôt libres... On la perd pendant la période classique et romantique mais on la retrouve à partir de la fin du 19ème avec Charles-Marie Widor, Claude Debussy, Maurice Ravel… L’un des plus extraordinaires compositeurs a en avoir écrit, est Frescobaldi. Voici Jean Rondeau dans le début de la Toccata Settima, qui date de 1627.

Ensuite, la fascination des compositeurs pour les notes répétées. La Toccata de Prokofiev commence par la note ré, jouée les mains alternées. Cette forme d’écriture de la note répétée à de tous temps fasciné les compositeurs ! Voici un autre ré, obsessionnellement répété à la basse, dans le génial scherzo de la 9ème symphonie d’Anton Bruckner :

Autre exemple : Beethoven organise le deuxième mouvement de son quatuor n°7, à partir d’une séquence rythmique sur une note répétée.

Et pour finir, l’extraordinaire diversité de la production et de l’invention de Prokofiev En contraste avec sa Toccata pour piano, voici un extrait de son magnifique Roméo et Juliette pour orchestre. L’atmosphère y est toute autre : assez terrifiante d’ailleurs, et avec une maîtrise de la couleur orchestrale hallucinante !