Troisième énigme : identifier un compositeur baroque célèbre, mais pas assez
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Compositeur tchèque né à Prague en 1770, Reicha a beaucoup voyagé, ce dont témoignent les variantes de son prénom. En Tchécoslovaquie, où il est né, son prénom se dit Antonin, en Autriche, où il se lie avec Haydn, ce sera Anton, et en France, son prénom devient Antoine. À Paris, il va s’affirmer comme l’un des grands pédagogues de la composition, ayant notamment Berlioz, Liszt, Gounod et César Franck en tant qu’élèves. Pour rester sur la géographie, parmi ses nombreuses émigrations, celle effectuée en direction de Bonn à l’âge de 15 ans, accompagné de son oncle violoncelliste, sera une des plus importantes de sa vie musicale. Il est alors devenu ami avec Beethoven, né la même année que lui. Les traités ultérieurs de Reicha, ceux sur la composition et aussi celui, unique en son genre, consacré à la mélodie, exprimeront quelques traces des échanges qu’ils ont pu avoir.
Compositeur que l’on redécouvre aujourd’hui, son catalogue est assez abondant et comporte des sonates, des variations, notamment L’art de varier opus 57, avec 57 variations, des duos, trios, quatuors, quintettes, un imposant corpus de 18 quatuors à cordes, des symphonies, des opéras, des opéras comiques, etc. Il y a aussi un mystérieux recueil pour piano-forte composé entre 1797 et 1803 : ses Trente-six fugues opus 36. La fugue n° 9, est écrite autour d’un célèbre sujet de Scarlatti. La légende veut que le chat de Scarlatti ait un jour marché au hasard sur les touches de son clavier, que Scarlatti ait noté à la volée les notes ainsi jouées, puis qu’il ait composé une fugue bâtie sur ces notes étranges. Que cette anecdote soit vraie ou imaginaire, la fameuse Fugue du chat de Scarlatti présente des contours très originaux. Et il semblerait que Reicha se soit donné l’ambition d’être encore plus extravagant que Scarlatti dans sa fugue n° 9.
« Aux bords de la Moldau, dès ma folâtre enfance, Attentif à la voix des bosquets agités, J’interrogeois l’écho, j’épiois en silence Le murmure lointain des ruisseaux argentés.
Hélas ! je m'égarai, je n’avois point de guide… Mais bientôt un aigle puissant Dans son sommeil ravit l'enfant timide, Et d’un vol bruyant et rapide Le porta sur les bords du Danube imposant.
Du fleuve j’entendis la voix impérieuse ; Dans les forêts le vent sembloit mugir, L’adolescent ne pouvoit plus régir La Tempête en son sein toujours plus furieuse.
Le calme enfin parut : d'invisibles concerts Soudain charmèrent mon oreille : Enlevé de nouveau, je traversai les airs. Suivi de ces accords, ô délice ! ô merveille ! Parmi les fleurs dont tes bords sont couverts, Paisible Rhin, je me réveille.
Quels sons divins et purs ! Quels accents enchanteurs ! Quelle harmonie et touchante et profonde ! Des anges dans les cieux ai-je entendu les chœurs, Ou les hymnes du jour qui vit naître le monde ?…
Lorsqu’un Mot, créateur des êtres et des tems Porta dans le chaos la lumière et la vie Et commença l’éternelle harmonie De ces soleils sans nombre et des astres errans, Avec eux entraînés dans leur course infinie…
Ah ! ce Mot créateur tu l’avois prononcé, Moderne Orphée ! une nouvelle vie À ta voix avoit commencé Pour ton élève initié Aux mystères de l’harmonie.
Souffre qu’un cœur reconnoissant De ces foibles accords t’offre le juste hommage : Il t’appartient et je suis ton ouvrage ; Daigne sourire à mon zèle naissant. Ainsi l’astre du jour achevant sa carrière Sourit à sa propre lumière Dont les flambeaux des nuits rayonnent à l'orient. »
Reicha souhaitait en définitive moderniser le genre de la fugue, déduire sa substance à partir du thème principal de façon plus libre que d’habitude, moduler beaucoup, utiliser des rythmes irréguliers… s’inspirer de musiques traditionnelles, il cite la Suisse, l’Alsace, la Grèce. Et il ne craint pas la virtuosité d’écriture. Sa fugue n° 15, par exemple, combine six sujets différents.
Le succès ne fut malheureusement pas au rendez-vous, mais plutôt la critique. En effet, le public, comme également Beethoven ou Schumann, considérèrent que cela n’avait plus grand chose à voir avec d’authentiques fugues.
Extraits musicaux diffusés
Anton Reicha
Trente-six fugues opus 36 n° 9
Tiny Wirtz
Naxos
Anton Reicha
Trente-six fugues opus 36, fugue-fantaisie n°14 sur un thème de Frescobaldi
Sandro Ivo Bartoli
Brilliant Classics
Anton Reicha
Trente-six fugues opus 36 n° 7
Tiny Wirtz
Naxos
Programmation musicale
- 12h48
Moon on the sky FRESU PAOLO & SOSA OMARMoon on the skyAlbum Alma (2011)Label BONSAI MUSIC - 12h48
Moon on the sky FRESU PAOLO & SOSA OMARMoon on the skyAlbum Alma (2011)Label BONSAI MUSIC
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