Troisième énigme : identifier un compositeur baroque célèbre, mais pas assez
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Dans le trio du menuet de la Symphonie n° 6 de Haydn, une contrebasse volubile dialogue avec un alerte basson. Cette symphonie est assez particulière. En effet, le principe des quatre saisons étant déjà pris par Vivaldi, et de façon indépassable, Haydn se rabat sur un simple triptyque de symphonies : le matin, le midi et le soir, c’est-à-dire ses symphonies 6 à 8. Nous sommes aux alentours de 1761 et l’idée d’un tel ensemble symphonique a pu lui être soufflée par son employeur, le prince Esterhazy.
Au fond, qu’est-ce qu’une symphonie ? De la musique d’orchestre, ou de la musique de soliste ? Une quarantaine d’année avant les chefs d’œuvre de Beethoven, on ne souhaite pas encore répondre à une telle question. Non, on préfère pratiquer quatre genres voisins : la symphonie, le concerto de soliste, mais aussi le concerto avec plusieurs solistes… et la symphonie concertante. La différence ? Personne, alors, ne le sait véritablement. Et c’est pourquoi tout se mélange avec autant de fantaisie dans cette symphonie Le matin de Haydn. C’est un peu une symphonie, mais aussi un concerto où chaque instrument peut devenir soliste, la flûte, le hautbois, le cor, sans oublier le basson… ou la contrebasse.
Autre genre hybride, le tardif Köchel 612 de Mozart est une aria pour voix de basse et contrebasse obligée. La partie de contrebasse est d’une virtuosité folle et le contrebassiste Pichlberger qui en a assuré la création devait être exceptionnel. Il existe ainsi de nombreuses arias avec instruments obligés, mais le plus souvent c’est le violon, le hautbois, la flûte ou la clarinette. Et donc, découvrir une contrebasse pyrotechnique faire un duo avec une voix est plutôt insolite.
Une autre page destinée à la contrebasse se trouve dans une œuvre esquissée en 1885 à Cassel, terminée une première fois en 1888 à Leipzig, avec une version définitive jouée en 1896 à Berlin : la Première symphonie « Titan » de Mahler. Son troisième mouvement, indiqué « Solennel et mesuré, sans traîner », débute par un canon, en mineur et à la contrebasse, sur Bruder Martin, le fameux Frère Jacques. On a longtemps pensé que Frère Jacques était une mélodie populaire, anonyme, et qui remonterait à la nuit des temps. C’était avant qu’Isabelle Rouard ne la découvre dans un recueil de 86 canons écrits par Rameau. Depuis, les spécialistes, et notamment Sylvie Bouissou, créditent Jean-Philippe Rameau, à côté de ses opéras et de ses suites pour clavecin, aussi de cette simplissime mélodie. Mais avec une importante nuance : à l’origine, le texte ne disait pas ding, ding, dong, mais Bing Bong Bong...
Extraits musicaux diffusés
Joseph Haydn
Symphonie n° 6 en ré maj HOB I (Le matin) : Menuet
Sigiswald Kuijken
Petite Bande
Wolfgang Amadeus Mozart
Per questa bella mano K 612 - pour baryton, contrebasse obligée et orchestre
Chef : Maria Krestinskaya
Chant : Ilya Mazurov
Contrebasse : Grigory Krotenko
Barocco Concertato
Gustav Mahler
Symphonie n°1 en ré maj – Titan : III, Feierlich gemessen ohne zu schleppen
Seiji Ozawa
Orchestre Symphonique de Boston
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