Portrait de Maroussia Gentet, lauréate du 13e Concours international de piano d'Orléans
Par Suzana Kubik
Il y a dix jours, ils étaient 32 candidats venus du monde entier. Dimanche dernier, c'est la pianiste française Maroussia Gentet qui a remporté haut la main le 13e Concours International de piano d'Orléans. Portrait.
Parmi les 32 candidats du monde entier qui ont participé à cette 13e édition du Concours international de piano d'Orléans, elle faisait l’unanimité tout au long de ce marathon pianistique de dix jours. Maroussia Gentet, pianiste lyonnaise de 25 ans, a raflé six des seize prix attribués par le jury, dont le premier prix d’interprétation mention spéciale Blanche Selva. En lice avec deux autres pianistes pour la finale dimanche 18 mars - la Japonaise Miharu Ogura et le Sud-Coréen Hyeonjun Jo - Maroussia Gentet a également reçut le prix de la Sacem - attribué pour l'interprétation de la commande du festival, et le prix des étudiants du conservatoire d'Orléans. Elle a aussi été récompensée pour son interprétation des œuvres d’André Jolivet et d’Albert Roussel, ainsi que par le prix Ricardo-Viñes, pour son interprétation d’une œuvre française composée entre 1900 et 1940. Un palmarès qui récompense « un long travail de préparation » que cette pianiste passionnée des répertoires des XXe et XXIe siècles a ajouté à son étonnante trajectoire.
Admise au CNSM de Lyon à seulement 13 ans, Maroussia Gentet avance telle une étoile filante. Passée par la classe de Rena Shereshevskaya à l’Ecole Normale de Paris, elle est aujourd'hui en double cursus Artist Diploma, spécialité musique contemporaine, et en doctorat de recherche et de pratique, ainsi qu'en master d’accompagnement vocal au CNSM de Paris.
Quand elle ne joue pas en récital ( « Je joue aussi du Chopin ou du Schumann, » avoue-t-elle), elle pratique avec des amis musiciens ou accompagne les chanteurs. Elle est passionnée par l'oeuvre de Marco Stroppa, dont « le monde magique transforme complètement le piano et l'ouvre vers des sonorités insoupçonnées, » compositeur à qui elle dédie son travail de recherche. La création, elle l’aime telle qu’elle se fait aujourd’hui, au plus près des compositeurs. Lorsqu'elle a décidé de se présenter au 13e Concours de piano d’Orléans, c'était dans la continuité des recherches qu’elle mène sur le répertoire des XXe et XXIe siècles :
« Ce qui m’a beaucoup intéressé dans ce concours, c’est de me plonger de façon intensive dans un répertoire. Ce n’est pas un concours qui a pour vocation première de démontrer la virtuosité d’un interprète, explique Maroussia Gentet. Il est vrai qu’il ouvre beaucoup d'opportunités de concerts et de rencontres professionnelles pour plus tard, mais c’était tout d’abord une occasion pour moi de présenter un programme cohérent, qui reflète ma personnalité artistique. Même avant de le travailler, le fait de monter un programme autour d'un fil rouge était passionnant en soi. J’ai choisi comme thématique les mythologies, les éléments et les énergies, et au cours de différentes étapes de concours, j'ai pu suivre ce fil rouge au fur et à mesure des œuvres et constater qu'elles se répondaient de façon étonnante, » explique-t-elle.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Une cohérence que le jury et le public ont su reconnaître en décernant à Maroussia Gentet le prix de l'interprétation pour la création d'Au cœur de l’oblique d‘Hector Parra, oeuvre imposée en finale et commande officielle du concours. « Ce qui me passionne dans ce répertoire, c’est de pouvoir aborder une œuvre d’un compositeur vivant et de la travailler avec lui, raconte-t-elle. Comme avec Hector Parra en finale, mais aussi avec Alex Nante, jeune compositeur argentin que j'admire et qui m'a dédié Invocation_, oeuvre que j'ai créée au premier tour. Ou encore Marco Stroppa et Philippe Schoeller, dont j'ai joué des œuvres au deuxième et troisième tour. Etre dans une situation de préparation intensive et être guidée par le compositeur est véritablement une expérience très formatrice pour un interprète. On confronte nos visions et on découvre des choses qu’on n’aurait pas forcément décelées par nous-mêmes, »_ explique la jeune pianiste.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
A peine la page du Concours de piano d'Orléans tournée, Maroussia Gentet se projette déjà : « J'envisage ma vie d'artiste comme quelque chose de très varié : jouer des tas de répertoires en ensemble ou en solo, faire de la recherche et travailler en contact étroit avec les compositeurs... rester proche de la création ». En attendant la prochaine étape, le grand concert des lauréats du concours le 26 mars aux Bouffes du Nord à Paris, concert capté par France Musique.