Quand le lyrique fait la part belle aux accents régionaux

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Quand le lyrique fait la part belle aux accents régionaux

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Le spectacle "C'est quoi cet accent?" par le Choeur d'Angers Nantes Opéra
Le spectacle "C'est quoi cet accent?" par le Choeur d'Angers Nantes Opéra
- Samuel Baron / Angers Nantes Opéra

Le Chœur d’Angers Nantes Opéra met à l’honneur les accents qui parcourent le monde francophone et les pays étrangers dans son spectacle « C’est quoi cet accent ? » donné à Nantes, Angers et à Rennes en novembre 2019. L’occasion de se pencher sur la place des accents dans le monde lyrique.

Il est plutôt rare aujourd’hui d’entendre sur une scène d'opéra un accent alsacien, marseillais ou encore bruxellois. Est-ce que les accents disparaissent naturellement lorsque l’on se met à chanter ? Clément Buzalka est allé à Angers poser la question au baryton Yann-Armel Quemener. Il a l’accent du Morbihan, du moins, lorsqu’il parle : « Quand on chante, la prosodie de la mélodie qu’on interprète s’impose d’elle-même. On le voit notamment avec les chanteurs canadiens qui peuvent avoir un très fort accent québécois lorsqu’ils vous parlent, mais plus une pointe d’accent lorsqu’ils chantent en français. »

Face à la prédominance d’un accent dit « neutre » dans le répertoire lyrique, certains chanteurs racontent avoir eu tout de même recours à des coachs vocaux pour « lisser » leur diction. Le baryton Marc Scofoni, marseillais d’origine corse, explique avoir beaucoup travaillé pour gommer son accent du sud, même si « on a tous un accent, qu’on le veuille ou non, on en a tous un », déclare le chanteur. 

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Du ch’ti à l’espagnol de Madrid

Avec le spectacle « C’est quoi cet accent », Marc Scofoni peut profiter d’un répertoire qui célèbre son accent : « Je crois que ça va faire plaisir à certaines personnes de se souvenir de leur accent, qu’ils ont peut-être perdu, et de découvrir un répertoire où les accents sont mis en valeur ».  

Un extrait de l’opérette La Canebière de Vincent Scotto est chanté, ainsi qu'une berceuse du Nord. En tout, 13 accents régionaux sont présents sur scène. « On a voulu aborder ce thème de l’accent parce que c’est un thème très important pour les chanteurs professionnels », déclare Alain Surrans, directeur général d’Angers Nantes Opéra. Et il étend la problématique à l’interprétation d’œuvres en langue étrangère : « Un chanteur professionnel est censé posséder aujourd'hui un certain nombre de langues et de les chanter avec le meilleur accent possible. On ne tolère pas un accent italien qui soit douteux ». 

Dans les spectacles on retrouve aussi des accents régionaux venus d’ailleurs, comme l’espagnol de Madrid avec la Zarzuela, celui du Mexique pour une Cucaracha reprise en chœur par le public. Mais aussi une pièce en finnois, en russe, en coréen, en anglais américain pour un boogie et un anglais londonien, avec un réinterprétation de Scarborough Fair.

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