Quelle est la meilleure version de Daphnis et Chloé de Ravel ?
Jérémie Cahen, Séverine Garnier et Emmanuelle Giuliani élisent la version de référence de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel.
(ré) écouter l'émission : La Tribune des critiques de disque du 16 septembre 2018.
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Compte-rendu
D’emblée les cordes prennent une place excessive, surchargent la polyphonie foisonnante des vents. Et puis où sont la chaleur et la flamme ? Charles Dutoit et son Orchestre symphonique de Montréal livrent un Daphnis et Chloé monolithique.
Des cuivres un peu éteints, un ballet fait d’assemblages plutôt que mu par une grande ligne ; on aimerait, dans le Ravel intime et resserré de François-Xavier Roth, davantage de cohérence et de lien organique.
Est-on dans une carte postale kitsch ? Ou plongé au sein des sortilèges ravéliens ? Charles Munch et sa phalange de Boston ont du caractère mais la prise de son rend l’ensemble cafouilleux. Ce Daphnis et Chloé semble survolé, sans nécessité interne, et le Lever du jour laisse sur sa faim.
Tout au long de l’écoute, on est partagé sur le Ravel de Pierre Boulez. Certes les timbres des Berlinois rivalisent d’opulence et de sensualité, mais il y a comme une retenue dans ce Daphnis, un aspect désincarné et trop peu investi dramatiquement pour que les cœurs chavirent. Un superbe travail d’orfèvre néanmoins.
Le Ravel de Claudio Abbado et du LSO met un certain temps à éclore, avec une Introduction et une Danse religieuse comme peintes à la gouache. Et puis cela s’anime – le Lever du jour ruisselle de murmures et de timbres capiteux, tandis que la Danse finale, tel un soleil noir, déclenche foudre et danger, dans une frénésie qui embrase la palette ravélienne.
Dès les premières mesures, drame et mystère sont tapis dans l’ombre : Riccardo Chailly règle un crescendo de maître, exaltant les timbres ensorceleurs du Concertgebouw d'Amsterdam. La narration, savamment menée, offre un Daphnis en trois dimensions : le Lever du jour, surnaturel et mélancolique à la fois, déploie des images flamboyantes, jusqu’à une exultation finale proprement jubilatoire.
Palmarès :
N°1
Version C
Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, dir. Riccardo Chailly (Decca, 1994)
N°2
Version E
London Symphony Orchestra, dir. Claudio Abbado (DG, 1988)
N°3
Version A
Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Pierre Boulez (DG, 1994)
N°4
Version D
Boston Symphony Orchestra, dir. Charles Munch (RCA, 1955)
N°5
Version B
Les Siècles, dir. François-Xavier Roth (HM, 2016)
N°6
Version F
Orchestre symphonique de Montréal, dir. Charles Dutoit (Decca, 1980)