Quelle est la meilleure version de la première série d'Images de Debussy pour piano ?

Publié le jeudi 25 janvier 2018 à 13h01

2 min

Elsa Fottorino, Christian Merlin et Aurélie Moreau élisent la version de référence des Images (Livre I) de Claude Debussy.

(ré) écouter l'émission : La Tribune des critiques de disques du 28 janvier 2018

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compte-rendu:

Le dessin au détriment de la couleur. Et un rubato envahissant, une manière de précipiter les événements qui disqualifient le Debussy pourtant si réputé d’Arturo Benedetti Michelangeli.

Sur un tempo très étiré, Claudio Arrau déploie des Images hypnotiques ; mais le risque de cette lenteur est aussi un certain flou, un repli sur soi, une impression de contemplation qui vire au flottement.

Nelson Goerner fait jaillir les coloris, compose et dissipe des brouillards sonores avec un usage généreux de la pédale. Et quelles dynamiques ! Mais on verse aussi dans le cliché du Debussy brumeux et impressionniste.

Du caractère, du mystère, des ruptures, un bouillonnement passionné : les Images de Samson François nous jettent dans l’univers inquiétant du Gaspard de la Nuit de Ravel – noirceur éclose sous une lumière crue. On aime l’inconfort de ces paysages escarpés, peut-être un peu moins les approximations et les duretés dans l’aigu.

Netteté, clarté, dramaturgie aiguisée, virtuosité affolante : le Debussy de Jean-Efflam Bavouzet brille par son mélange de rigueur et de liberté, un art qui dose idéalement dessin et couleurs, contours et atmosphères, le tout porté par un esprit d’improvisation et un sens limpide de l’architecture.

Les Images que peint Dominique Merlet puisent dans les sonorités boisées du piano et créent un sentiment de douceur et d’intimité. Ivresse digitale et rares éthers sonores dans les Reflets dans l’eau, Hommage à Rameau de haut vol, Mouvement en vifs dialogues, avec ce rythme implacable souhaité par Debussy. Une leçon de maître.