Quelle est la meilleure version de la Sonate pour piano d'Henri Dutilleux ?

Elsa Fottorino, Jean-Charles Hoffelé et Sarah Léon élisent la version de référence de la Sonate pour piano d'Henri Dutilleux.
(ré) écouter l'émission : La Tribune des critiques de disques du dimanche 26 novembre 2017
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compte-rendu:
Opulence et rondeur du son : Claire-Marie Le Guay déploie une belle palette pianistique mais peine à créer le trouble et le mystère propres à la Sonate. A cause aussi, peut-être, d’une construction trop séquentielle.
Il manque encore à ce Dutilleux sa part d’énigme, ces ombres sonores qui doivent voleter dès les premières mesures. Le jeu clair d’Anne Queffélec radiographie la partition, au détriment du relief général, et de surcroît noie un peu la main gauche.
Geneviève Joy, interprète historique et dédicataire de la Sonate en 1948 livre un premier mouvement de caractère, urgent, aux emportements romantiques. Mais le lied central, blanc, presque vide, n’est ni ressenti ni investi, comme statique.
Pas évident de départager le trio de tête. Au cours d’un concert au Théâtre des Champs-Elysées en 1962, Monique de la Bruchollerie réinvente la Sonate de Dutilleux en lui conférant une noirceur, ouvrant des brèches qui hypnotisent. Hyper caractérisé, le premier mouvement est d’une seule coulée, ruisselant de couleurs, le lied est sombre, ténébreux, quand le troisième mouvement poursuit le voyage jusqu’au vertige… en dépit du live et des risques d’accidents.
Quelle technique stupéfiante que celle de Marie-Catherine Girod, et quelle lecture dévastatrice du I ! Cette pianiste aux doigts d’aciers soulève une déferlante et maintient la tension jusqu’au bout ; les ombres de Ravel, Debussy, Messiaen passent furtivement dans un II contemplatif et éclairé de l’intérieur, tandis que les variations, acérées, débouchent sur un choral qui érige une cathédrale de lumière.
Qui se souvient de Brian Ganz ? Lauréat du Concours Long-Thibaud en 1989, ce pianiste américain tombé dans l’oubli surprend tout au long de la Sonate. Dès les premières mesures, il bâtit un discours implacable, creusant, sondant en permanence cette énigme en trois mouvements. Course à l’abîme, le I développe une puissance orchestrale, le lied, mystique, est d’un abandon crépusculaire, et le final, doigts de feu et dynamiques prodigieuses, traque le mystère de l’instant avec une rare hauteur de vue.
palmarès:
N°1
Version D
Brian Ganz (Accord, 1993)

N°2
Version F
Marie-Catherine Girod (Solstice, 1980)

N°3
Version A
Monique de la Bruchollerie (INA, 1962)

N°4
Version B
Claire-Marie Le Guay (Accord, 2000)

N°5
Version C
Anne Queffélec (Virgin, 1996)

N°6
Version E
Geneviève Joy (Erato, 1988)
