Quelle est la meilleure version du Concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo ?

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Quelle est la meilleure version du Concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo ?

Palais royal d'Aranjuez, Madrid (Espagne) ©Alexandre Rosa
Palais royal d'Aranjuez, Madrid (Espagne) ©Alexandre Rosa

Séverine Garnier, Emmanuelle Giuliani et Jean-Charles Hoffelé élisent la version de référence du Concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo.

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Seuls ont été pris en compte les enregistrements des 30 dernières années.

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Compte-rendu

Comme cette Espagne est sérieuse ! A moins qu’elle ne sorte tout droit d’un décor en carton-pâte ou d’un épisode colorisé de Zorro ? Pepe Romero et Neville Marriner n’ont décidément rien compris au Concerto d’Aranjuez … Adios. La guitare de Sharon Isbin est diablement séductrice, fine, et précise de surcroît mais avec l’orchestre, le mariage ne prend pas, et cette succession de gros plans manque de fondus, de liberté, de nonchalance. Le second mouvement leur sera fatal, sirupeux à souhait, avec un cor anglais d’une épaisseur invraisemblable.

L’Orchestre de Grenade a les pieds lourds, et la guitare de Marco Socías n’est pas bien nette : chef et soliste se cherchent désespérément et finissent par s’essouffler dans un discours décousu. La lenteur outrée de l’Adagio tue d’avance toute émotion : ce tempo inhabité sonne faux, on surjoue, on passe à côté de l’essentiel.

Voici une très belle pièce de concert, servie par le jeu claquant de Göran Söllscher, qui lance des phrases telles des flammèches. Quelle poésie ! Et puis l’Orpheus Chamber Orchestra déploie de somptueux atours. Hélas, le second mouvement enchaine les poses : guitare uniforme, orchestre énorme, aucun drame, aucune émotion. Une impression confirmée par un final sans imagination.

Un seigneur à la guitare, rien de moins : Emmanuel Rossfelder allie noblesse, imagination, ivresse virtuose du jeu et sonorités magiques. Le premier mouvement, comme improvisé, lorgne vers le flamenco – dommage que l’orchestre ne se hisse pas au même niveau. Mais le panache n’a plus sa place dans l’Adagio, où l’on aimerait plus de pudeur et d’émotion simple. Logiquement, le troisième mouvement renoue avec le tourbillon initial.

Connaissez-vous Miloš ? La guitare du jeune Monténégrin chante et danse avec un esprit et une humeur irrésistibles. Son jeu coule de source, dans un Allegro fantasque, inventé à mesure qu’il se déroule. Cette variété de climats et de couleurs nous vaut un Adagio miraculeux de pudeur et de grâce : bravo ! Le final crépite et hisse définitivement cette version au sommet de la discographie. Une révélation.

Palmarès

N°1
Version B

Miloš Karadaglić, London Philharmonic Orchestra, dir. Yannick Nézet-Séguin (DG, 2013)

Aranjuez-B
Aranjuez-B

N°2
Version E

Emmanuel Rossfelder, Orchestre d’Auvergne, dir. Arie Van Beek (Loreley, 2012)

Aranjuez-E
Aranjuez-E

N°3
Version D

Göran Söllscher, Orpheus Chamber Orchestra (DG, 1989)

aranjuez-D
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N°4
Version C

Marco Socías, Orchestre de la ville de Grenade, dir. Josep Pons (HM, 2001)

Aranjuez-C
Aranjuez-C

N°5
Version A

Sharon Isbin, New York Philharmonic, dir. José Serebrier (Warner, 2004)

Aranjuez-A
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N°6
Version F

Pepe Romero, Academy of Saint Martin-in-the-Fields, dir. Neville Marriner (Philips, 1992)

Aranjuez-F
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